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Amnesty dénonce un massacre commis par l'armée érythréenne au Tigré

Dans un rapport, Amnesty international dénonce un potentiel crime contre l'humanité en Ethiopie.
Dans un rapport, Amnesty international dénonce un potentiel crime contre l'humanité en Ethiopie. / 19h30 / 2 min. / le 27 février 2021
Des soldats érythréens ont tué "des centaines de civils" en novembre 2020 au Tigré, région du nord de l'Ethiopie en proie aux combats, accuse vendredi Amnesty International. Le massacre pourrait constituer un crime contre l'humanité, selon l'ONG.

Amnesty base son rapport sur le Tigré sur des témoignages de survivants et sur des images de satellite de la ville d'Aksoum, une ville antique et sainte du nord du Tigré.

"Les preuves sont accablantes et mènent à une conclusion effrayante. Les troupes éthiopiennes et érythréennes ont commis de multiples crimes de guerre dans leur offensive pour prendre le contrôle d'Aksoum", affirme Deprose Muchena, directeur régional de l'ONG pour l'est et le sud de l'Afrique.

Les troupes érythréennes ont fait un carnage et ont systématiquement tué de sang-froid des centaines de civils

Deprose Muchena, directeur d'Amnesty International pour l'Afrique orientale et australe

"Plus encore, les troupes érythréennes se sont déchaînées et ont méthodiquement tué des centaines de civils de sang-froid, ce qui semble constituer des crimes contre l'humanité. Cette atrocité compte parmi les pires documentées à ce jour dans ce conflit", estime-t-il.

Neuf jours d'exécutions et de pillages

Selon 41 survivants et témoins interrogés par Amnesty, les troupes éthiopiennes et érythréennes ont pris le contrôle d'Aksoum le 19 novembre, "lors d'une vaste offensive, tuant et déplaçant les civils par des bombardements et des tirs indiscriminés". "Durant les neuf jours qui ont suivi, l'armée érythréenne s'est livrée à un pillage généralisé et à des exécutions extrajudiciaires", affirme Amnesty.

Un aperçu d'Aksoum montre les principaux endroits de la ville. Les structures endommagées par les bombardements et les frappes aériennes sont indiquées en orange. Les zones comportant des débris importants, probablement dus à des pillages, sont indiquées en jaune. [Amnesty International/Google]
Un aperçu d'Aksoum montre les principaux endroits de la ville. Les structures endommagées par les bombardements et les frappes aériennes sont indiquées en orange. Les zones comportant des débris importants, probablement dus à des pillages, sont indiquées en jaune. [Amnesty International/Google]

Les pires violences ont été commises les 28 et 29 novembre, en représailles à une attaque menée par un groupe de miliciens pro-TPLF contre des militaires érythréens. Le 28 novembre vers 16h00, "les soldats érythréens sont entrés dans la ville et ont commencé à tuer des gens au hasard", a raconté un homme de 22 ans. A la nuit tombée, "dans la rue, il n'y avait que des cadavres et des gens qui pleuraient", a raconté un autre survivant.

afp/boi

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Des combats depuis le 4 novembre

Le Tigré est en proie aux combats depuis le lancement, le 4 novembre, par le gouvernement éthiopien d'une opération militaire contre les forces du front de libération du peuple du Tigré (TPLF), parti qui gouvernait la région et que l'Ethiopie accuse d'avoir attaqué des bases de l'armée fédérale.

Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a proclamé la victoire le 28 novembre après la reprise de la capitale régionale Mekele, bien que le TPLF ait juré de continuer à se battre. Et les combats continuent.

La présence de troupes venues d'Erythrée, pays frontalier du Tigré, pour épauler les forces éthiopiennes a été rapportée par des habitants, des travailleurs humanitaires et des responsables locaux, mais a toujours été démentie par les autorités des deux pays.

L'Ethiopie et l'Erythrée se sont affrontés dans un sanglant conflit entre 1998 et 2000, alors que le TPLF était au pouvoir en Ethiopie, avant de se rapprocher à l'initiative d'Abiy Ahmed, récompensé du prix Nobel de la paix en 2019. La haine reste tenace entre les autorités érythréennes et le TPLF.