Modifié

L'ambassadeur birman à l'ONU dénonce la junte, après des manifestations dans trois villes

Les forces antiémeutes birmanes ont dispersé vendredi à Rangoun des centaines de personnes ayant manifesté contre le coup d'Etat. [KEYSTONE - NYEIN CHAN NAING]
L'ambassadeur birman à l'ONU dénonce la junte, après des manifestations dans trois villes / Le Journal horaire / 21 sec. / le 26 février 2021
L'ambassadeur de Birmanie à l'ONU Kyaw Moe Tun a spectaculairement pris vendredi ses distances avec la junte en appelant à "la fin du coup d'Etat", au moment où la police dispersait des manifestants dans trois grandes villes.

L'ambassadeur de la Birmanie à l'ONU Kyaw Moe Tun a demandé une action forte contre la junte au cours d'une session spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU consacrée à son pays: "Nous avons besoin de l'action la plus forte de la communauté internationale pour immédiatement mettre fin au coup d'Etat militaire, mettre fin à l'oppression du peuple innocent et rendre le pouvoir de l'Etat au peuple."

La journée a été tendue vendredi en Birmanie. A Rangoun, les forces antiémeutes birmanes ont dispersé des centaines de personnes ayant manifesté contre le coup d'Etat, rassemblées pour demander le rétablissement de la démocratie et la libération d'Aung San Suu Kyi.

Dans la plus grande ville et la capitale économique, les autorités avaient jusqu'ici fait preuve de retenue, se bornant à une présence massive des forces de l'ordre et de barrages à plusieurs points stratégiques.

Plus de 31 personnes ont été arrêtées à Rangoun, selon les médias officiels. Un reporter japonais indépendant a été interpellé avant d'être relâché. La Birmanie est traversée par une vague de colère qui a vu jusqu'à des centaines de milliers de contestataires dans la rue pour protester contre les généraux au pouvoir, depuis le putsch du 1er février.

>> Relire : Affrontements entre partisans de la junte et manifestants à Rangoun

Manifestations dans deux autres villes

Des manifestations ont aussi eu lieu vendredi à Mandalay (centre), la deuxième plus grande ville. Des milliers de personnes se sont rassemblées devant le plus grand centre commercial local, principalement vêtues de blanc et portant des masques et des chapeaux avec du rouge, la couleur de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti d'Aung San Suu Kyi.

A Naypyidaw, la capitale de la Birmanie, des contestataires ont fui la police antiémeute qui les a poursuivis en lançant des grenades assourdissantes. Selon la télévision d'Etat, 39 personnes ont été arrêtées au cours des manifestations à Mandalay et 25 à Naypyidaw.

Depuis le coup d'Etat, quatre personnes ont perdu la vie pendant des manifestations, une autre est morte au cours d'une patrouille nocturne, tandis que l'armée a signalé de son côté qu'au moins un policier avait été tué. Plusieurs centaines de personnes ont aussi été arrêtées.

Procès prévu le 1er mars

Aung San Suu Kyi, l'ex-cheffe du gouvernement civil arrêtée depuis le coup d'Etat, devra répondre de plusieurs chefs d'accusation, dont la détention illégale de talkies-walkies et la violation des restrictions liées au coronavirus.

Son procès est prévu pour le 1er mars, mais son avocat s'est déclaré très préoccupé, n'ayant toujours pas eu de contacts avec elle. "C'est très important d'avoir sa procuration signée avant le début des audiences le 1er mars, car nous ne seront pas autorisés à la représenter en tant qu'avocats de la défense si nous ne pouvons pas" produire ce document, a-t-il déclaré.

Sans avocat de la défense, Aung San Suu Kyi serait alors privée de "son droit à un procès équitable", a-t-il souligné.

agences/vajo

Publié Modifié

L'émissaire de l'ONU condamne les dernières mesures de la junte

L'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Christine Schraner Burgener, a condamné "fermement" vendredi les dernières mesures prises par la junte au pouvoir. La diplomate zurichoise a appelé à l'action internationale pour un retour de la démocratie dans ce pays.

"Je condamne fermement les récentes mesures prises par l'armée et vous exhorte tous à envoyer collectivement un signal clair en faveur de la démocratie en Birmanie, a déclaré la Suissesse par liaison vidéo aux 193 membres de l'Assemblée générale de l'ONU. (...) L'usage de la force meurtrière et l'augmentation des décès (sont) inacceptables."

Et d'ajouter: "Les actions de l'armée ne sont pas justifiées et nous devons continuer d'appeler au renversement de cette situation inadmissible, en épuisant toutes les voies collectives et bilatérales pour rétablir la Birmanie sur la voie de la réforme démocratique."

Christine Schraner Burgener a confirmé que son désir de se rendre en Birmanie était jusqu'à présent bloqué par la junte. Cette visite doit se faire "sous la condition que je puisse rencontrer les dirigeants du gouvernement arrêtés" dont Aung San Suu Kyi, a-t-elle aussi fait valoir.

>> Revoir l'interview de Christine Schraner Burgener dans La Matinale :

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Christine Schraner Burgener, envoyée spéciale de l'ONU pour la Birmanie
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Christine Schraner Burgener, envoyée spéciale de l'ONU pour la Birmanie / La Matinale / 10 min. / le 18 février 2021