Initialement prévu à Evian, il a été transporté à Paris in
extremis à la suite des retards accumulés lundi par Nicolas
Sarkozy, José Manuel Barroso et Javier Solana lors de leur mission
à Moscou et Tbilissi.
Le président français et président en exercice du Conseil
européen, le président de la Commission de Bruxelles et le Haut
représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune ont
accueilli ensemble le président Viktor Iouchtchenko au bas du
perron de l'Elysée.
Rassurer l'Ukraine, dont les relations avec Moscou sont également
tendues, sans froisser la Russie, très chatouilleuse sur le
chapitre des relations des anciennes républiques de l'URSS: tel
semble être l'objectif de ce sommet.
L'Europe reconnaît les efforts de Kiev
Les Vingt-Sept, par la voix de Nicolas Sarkozy, José Manuel
Barroso et Javier Solana, offriront à Viktor Iouchtchenko de
conclure dans les prochains mois un accord d'association avec l'UE.
Selon une version de travail de la déclaration finale, l'UE
reconnaît les "aspirations européennes" de l'Ukraine.
Les Vingt-Sept reconnaissent également que l'Ukraine est "un pays
européen qui partage une histoire et des valeurs communes avec les
pays de l'Union européenne". L'UE et l'Ukraine conviennent que
l'accord d'association à venir laissera "ouverte" la voie à de
futurs développements de leurs relations.
Mais ce document ne va pas jusqu'à évoquer une éventuelle adhésion
de l'Ukraine. "C'est le seul compromis possible entre les points de
vue très divergents au sein de l'Union européenne et qui aille à la
rencontre des attentes de Kiev", soulignait vendredi la présidence
française.
reuters/jeh
Un sommet sur fond de crise politique
La rencontre de l'Elysée se déroule sur fond de crise au sommet en Ukraine, avec l'éclatement de la coalition au pouvoir.
Le Premier ministre, Ioulia Timochenko, ex-égérie de la "Révolution orange", qui a menacé lundi de s'allier à l'opposition, ne participe pas au sommet.
La présidence ukrainienne l'a accusée d'avoir trahi l'intérêt national en ne soutenant pas la Géorgie dans son conflit avec la Russie et de rechercher l'appui de Moscou pour l'élection présidentielle de 2010.
Bisbille avec la Russie
Le 13 août, en signe de solidarité avec la Géorgie, Kiev avait annoncé des restrictions aux mouvements des navires de guerre russes basés dans le port ukrainien de Sébastopol, sur la Mer Noire.
La Russie avait aussitôt dénoncé ces mesures.
Cette situation ne devrait pas manquer de peser sur le sommet de Paris, malgré l'accord conclu lundi à Moscou par Nicolas Sarkozy et Dmitri Medvedev sur la mise en oeuvre du plan de paix Russie-Géorgie du 12 août.
Lors d'une conférence de presse avec le président français, le président russe a qualifié lundi de "commérages" les déclarations de dirigeants occidentaux ou d'anciens satellites de l'URSS prêtant à la Russie des visées sur la Crimée.
Il a reproché à ces dirigeants de voir dans la Fédération de Russie un avatar de l'Union soviétique.
"La Russie a changé et il faut tenir compte de la Russie", a averti Dmitri Medvedev.