"Nous pensons que l'empoisonnement de M. Navalny avec du Novichok a pu être mené délibérément pour envoyer un avertissement clair et sinistre" à tous ceux qui pourraient critiquer le gouvernement, affirment Agnès Callamard et Irene Khan.
Les deux expertes indépendantes, qui ne s'expriment pas au nom de l'ONU, ont fait part de leurs résultats dans une lettre officielle à Moscou en décembre, dévoilée lundi et restée sans réponse.
"La Russie est responsable de la tentative d'exécution arbitraire" par une nouvelle sorte de Novichok, a affirmé à la presse Agnès Callamard.
Hauts dirigeants mentionnés
Si les deux expertes mentionnent de hauts dirigeants gouvernementaux, contrairement à l'affaire de Jamal Khashoggi où elle a mis en cause le prince héritier saoudien, elle ne peut être plus précise.
En raison des quelques mois d'investigations, "nous ne nous sommes pas penchés sur la responsabilité criminelle" de la tentative d'assassinat, dit-elle. Des Etats ont pris des sanctions contre des individus.
Ils doivent avoir des "preuves suffisantes" pour les incriminer, insiste Agnès Callamard. Alexei Navalny a été ciblé parce qu'il est un opposant, ajoute son homologue.
Enquête internationale demandée
Interrogée lundi dans l'émission Forum, Agnès Callamard a aussi rappelé qu'il faudrait mettre en place une enquête internationale.
"A l'heure actuelle, la seule enquête qui a été faite est la nôtre. Et pour Irene Khan et moi-même, ce n'est pas suffisant. Nous demandons une enquête internationale. Ce n'est pas une tentative de meurtre comme les autres. C'est une tentative de meurtre en utilisant une arme chimique qui est prohibée par le droit international. Le genre de danger inhérent à ce genre d'actions devrait forcer la communauté internationale à faire une enquête beaucoup plus poussée. Elle pourrait être faite, si ce n'est au niveau des Nations unies, au niveau du Conseil de l'Europe. Il y a un rapporteur spécial qui a été identifié par les institutions européennes qui serait peut-être lui aussi à même de faire cette enquête."
Et de conclure, concernant l'emprisonnement de Navalny: "La vie de Monsieur Navalny doit être protégée. Il ne devrait pas être détenu de façon arbitraire. Il y a des demandes qui peuvent être faites au niveau des Etats et qui ne remettent pas en question les relations économiques ou géostratégiques. Il s'agit de protéger la vie d'un homme, d'un dissident, il s'agit de s'assurer que dans la prison actuelle où il est, d'abord qu'on le remette en liberté le plus vite possible mais surtout que sa vie ne soit plus en danger."
ther avec l'ats