En région forestière, dans le sud du pays, six personnes sont déjà mortes ces derniers jours et une course contre le virus s'est engagée. Le ministre de la Santé s’est donné jusqu'à mi-avril pour contrôler la situation, mais il faudra pour ça vaincre les réticences de la population sur le vaccin - sur lequel courent les rumeurs les plus folles - ainsi que la peur que suscite cette fièvre hémorragique.
Pour éviter un scénario catastrophe, les autorités guinéennes, des ONG comme MSF et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont rapidement réactivé leurs dispositifs. En moins de 10 jours, une campagne de vaccination visant les "cas contacts" des premiers infectés et le personnel médical a été lancée.
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Consignes sanitaires
Même si la médecine a fait des progrès pour faire face à cette fièvre hémorragique identifiée dans les années 1970 dans l'actuelle République démocratique du Congo (RDC), le personnel du petit Centre de traitement des épidémies (Cetépi) de Nzérékoré, dans le sud de la Guinée, ne veut prendre aucun risque et applique les consignes à la lettre.
Dans leurs tenues de protection, les soignants qui s'occupent des huit cas positifs et des quatre cas suspects sont méconnaissables.
Celui qui a marqué sur sa cagoule "Dr Kourouma" est visiblement pressé. "Dès que je suis dans la combinaison, la sueur commence à couler, faut que je file pour installer le malade qui est là", dit-il.
Malgré les mesures strictes et les inquiétantes tenues, le Dr Dally Muamba, de l’ONG Alima, tente de vaincre la peur. "Il faut que les gens comprennent qu'un centre de traitement Ebola n'est pas un mouroir. Les chances de survie des patients sont très élevées aujourd'hui", souligne le médecin.
"Affronter ce démon"
Un homme d'âge moyen sort d'une maisonnette, les deux bras perfusés, et s'assied sur une chaise en plastique, l'air abattu. Il vient d'apprendre qu'il a Ebola.
C'est un survivant de la première épidémie, surnommé "Dr Papus", qui lui annonce la mauvaise nouvelle et tente de le rassurer.
"Je leur dit que j'ai affronté cette maladie, qu'il ne faut pas baisser les bras", raconte ce volontaire chargé de sensibiliser les populations, dont le père et l'oncle ont été emportés par Ebola en 2014. Il explique qu'à l'époque, lui non plus ne "croyait pas" à l'épidémie avant de tomber gravement malade, puis de guérir.
"Puisque je suis déjà immunisé, il faut que j'aide les autres, que je reparte affronter ce même démon", dit-il.
Tous ne s'en sortent pas aussi bien. Jeudi soir est arrivé un pick-up de la Croix-Rouge, la peinture délavée par les nombreuses désinfections au chlore. Un malade est décédé et il faut emporter son corps pour procéder à un enterrement qui doit, lui aussi, être sécurisé.
Sujet radio: Carol Valade
Adaptation web: Katharina Kubicek avec les agences