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Le mouvement indépendantiste écossais miné par une affaire interne

Nicola Sturgeon devant la commission parlementaire écossaise, 03.03.2021. [EPA/Keystone - Andrew Cowan]
Le Parti national écossais se déchire de l’intérieur / Le 12h30 / 1 min. / le 3 mars 2021
Accusée d'avoir orchestré des accusations de harcèlement sexuel contre son prédécesseur, la Première ministre indépendantiste écossaise Nicola Sturgeon s'est défendue mercredi devant les députés. L'affaire pourrait peser sur les élections de mai prochain.

Tout est parti d'accusations portées contre l'ex-dirigeant du Scottish National Party (SNP) Alex Salmond. Disculpé par la justice en 2020, ce dernier s'est dit victime d'un complot politique (lire encadré).

L'ancien dirigeant indépendantiste a été auditionné vendredi dernier par la commission d'enquête parlementaire. Il a accusé le gouvernement d'avoir délibérément caché des documents gênants et ignoré l'avis des conseillers juridiques en persistant dans une affaire qu'ils ne pouvaient pas gagner.

Des accusations jugées "absurdes"

Le Parlement écossais enquête désormais sur la façon dont le gouvernement avait initialement traité ces plaintes de harcèlement sexuel et cherche à déterminer si Nicola Sturgeon s'est ingérée dans l'enquête ou a menti au Parlement, comme l'affirme Alex Salmond.

Mercredi, l'actuelle Première ministre a dû répondre aux questions des députés. Nicola Sturgeon a assuré qu'elle croyait avoir agi "correctement" et démenti avoir trompé le Parlement écossais sur la date à laquelle elle avait été informée des accusations contre Alex Salmond.

Disant sa "tristesse" de se retrouver devant cette commission, elle a jugé "absurdes" les accusations de complot contre son mentor. "Alex Salmond est l'une des personnes les plus proches que j'ai eues toute ma vie, je n'aurais jamais voulu le faire tomber", a-t-elle assuré, soulignant que l'ancien dirigeant était quelqu'un qu'elle "vénérait" depuis qu'elle avait "20, 21 ans".

Risque d'affaiblissement du parti

Soutenue par son camp, la populaire dirigeante est appelée à la démission par l'opposition. "Nicola Sturgeon a esquivé et évité presque toutes les questions difficiles", ont réagi les conservateurs écossais sur Twitter, l'accusant de mensonges. "Elle se souvient parfaitement de détails qui selon elle l'exonèrent, puis oublie complètement tout ce qui lui porte préjudice". Ils soumettront un vote de défiance au parlement local, où le SNP ne dispose pas de la majorité absolue.

Ces querelles tombent mal pour le SNP, qui dénonce des manoeuvres pour l'affaiblir avant les élections locales du 6 mai. Renforcé par le Brexit (les Ecossais s'y sont massivement opposés) et la gestion très critiquée de la pandémie par Londres, il souhaite s'appuyer sur une victoire électorale pour obtenir l'organisation d'un nouveau référendum d'autodétermination pour l'Ecosse.

Tous les sondages indiquaient encore récemment une majorité absolue pour le parti. Un affaiblissement, voire la chute de Nicola Sturgeon, très populaire en Ecosse, serait donc un coup très dur pour le mouvement.

oang/vic avec les agences

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Treize accusations contre Alex Salmond

Alex Salmond a longtemps été l'homme fort de l'Ecosse, dirigeant pendant 20 ans le SNP, dont il a fait le plus grand parti local. En 2014, il avait jeté l'éponge après la victoire du "non" au référendum sur l'indépendance.

Il a été acquitté en mars 2020 par un tribunal écossais de 13 accusations d'agressions sexuelles et de tentatives de viol contre neuf femmes entre juin 2008 et novembre 2014.

Dès 2019, le gouvernement écossais avait admis avoir mal géré l'enquête interne sur les plaintes portées à son encontre par deux femmes et avait alors accepté de lui verser plus de 500'000 livres (640'000 francs) pour couvrir ses frais de justice.