Modifié

Alors que l'Allemagne va déconfiner, le Brésil connaît un record de décès – Le suivi du Covid-19 dans le monde

Une famille dit adieu à une proche décédée du Covid-19, dans le cimetière de Caju, au nord de Rio de Janeiro. Brésil, le 7 janvier 2021. [Keystone/epa - Antonio Lacerda]
Une famille dit adieu à une proche décédée du Covid-19, dans le cimetière de Caju, au nord de Rio de Janeiro. Brésil, le 7 janvier 2021. - [Keystone/epa - Antonio Lacerda]
Le Brésil affronte le moment le plus violent de la pandémie sans aucune stratégie nationale: records de morts quotidiens, hôpitaux au bord de l'effondrement et campagne vaccinale trop lente. En Allemagne, Angela Merkel a accepté mercredi soir un déverrouillage progressif du dispositif anti-Covid.

La pandémie de SARS-CoV-2 a fait au moins 2'560'789 morts dans le monde depuis que le bureau de l'OMS en Chine a fait état de l'apparition de la maladie fin décembre 2019, selon un bilan établi par l'AFP à partir de sources officielles jeudi à midi.

Plus de 115'130'940 cas d'infection ont été officiellement diagnostiqués depuis le début de la pandémie. Les États-Unis sont le pays le plus touché tant en nombre de morts que de cas, avec 519'064 décès pour 28'780'950 cas recensés, selon le comptage de l'université Johns Hopkins.

Puis viennent le Brésil avec 259'271 morts et 10'718'630 cas, le Mexique avec 188'044 morts (2'104'987 cas), l'Inde avec 157'435 morts (11'156'923 cas), et le Royaume-Uni avec 123'783 morts (4'194'785 cas).

BRÉSIL – Record de décès en 24 heures

Le Brésil a annoncé mercredi un nouveau record de décès du Covid-19 en 24 heures, avec 1910 morts, qui confirme la nette détérioration de la situation sanitaire dans le pays frappé par une violente deuxième vague.

Selon les données du ministère de la Santé brésilien, considérées comme sous-évaluées par de nombreux scientifiques, 71'704 nouveaux cas de contamination ont par ailleurs été enregistrés en une journée, le deuxième pire chiffre depuis le début de la pandémie qui a fait officiellement 259'271 morts en un an au Brésil.

Mardi, le géant latino-américain avait déjà battu un record quotidien avec 1641 morts. Le pays de 212 millions d'habitants a enregistré en moyenne mobile au cours de sept derniers jours 1331 décès du coronavirus.

Alors qu'aucune politique de lutte nationale n'est mise en œuvre par le gouvernement de Jair Bolsonaro, le Brésil déplore plus de 1000 morts par jour depuis le mois de janvier et, selon les experts, les deux semaines à venir s'annoncent particulièrement virulentes.

São Paulo en "phase rouge"

Le système sanitaire est au bord de l'implosion, alors que l'occupation des lits en soins intensifs est supérieure à 80% dans 19 des 27 Etats du pays, selon l'institut Fiocruz.

L'Etat de São Paulo (sud-est), le plus riche et peuplé du pays avec ses 46 millions d'habitants, a décrété mercredi son retour, pour deux semaines, en "phase rouge". Celle-ci ne tolère que les "activités essentielles", liées à la santé, l'alimentation ou les transports publics. Les écoles et églises resteront toutefois ouvertes.

La campagne nationale de vaccination lancée mi-janvier est poussive alors que les doses manquent. Seuls 7,1 millions de personnes ont reçu une première injection, 2,1 millions les deux, dans le deuxième pays le plus endeuillé au monde derrière les Etats-Unis.

ALLEMAGNE – Déconfinement progressif

La chancelière Angela Merkel a accepté un assouplissement progressif du dispositif anti-Covid en Allemagne face au mécontentement dans l'opinion: les mesures de confinement partiel en place depuis la fin de l'année dernière ne sont plus soutenues aujourd'hui que par un tiers des Allemands, contre deux tiers début janvier, selon un récent sondage, et la grogne monte au sein même du gouvernement à sept mois des élections législatives.

La plupart des restrictions seront prolongées au moins jusqu'au 28 mars pour contrer la hausse des cas et la propagation du variant britannique, qui représente désormais 46% des infections, mais les réunions privées seront possibles à partir du 8 mars entre deux foyers, à condition de ne pas dépasser cinq personnes au total.

Librairies, fleuristes et auto-écoles, qui ont déjà rouvert dans certains Länder, pourront de nouveau accueillir des visiteurs dans tout le pays. Et l'Allemagne va autoriser le vaccin AstraZeneca aux plus de 65 ans.

FRANCE – Confinement le week-end dans le Pas-de-Calais

Jean Castex a dévoilé jeudi une nouvelle série de mesures destinées à freiner l'épidémie de coronavirus en France, mais pas l'extension du couvre-feu le week-end à des villes comme Paris ou Marseille malgré les tensions persistantes dans le système hospitalier.

Confronté à la lente progression de l'épidémie depuis des semaines, à la menace des variants et à de fortes disparités entre territoires, le gouvernement reste fidèle à sa stratégie visant à "gagner du temps" pour éviter un nouveau confinement généralisé, dans l'espoir d'un retour progressif à la normale à partir du mois d'avril grâce à l'accélération de la campagne de vaccination.

"Nous ne sommes pas confrontés à une hausse exponentielle de l'épidémie comme nous l'avions connue pendant les deux premières vagues", a déclaré Jean Castex, alors que la France a enregistré jeudi un peu plus de 25'000 cas de contamination au coronavirus.

Sur les 20 départements placés sous surveillance il y a une semaine, seul le Pas-de-Calais connaîtra par conséquent un confinement le week-end dès samedi, comme c'est déjà le cas dans les métropoles de Dunkerque (Nord) et Nice (Alpes-Maritimes), en raison d'une flambée du variant anglais qui représente désormais 60% des cas en France, selon Jean Castex.

Si l'Ile-de-France et les autres départements à risques, portés au nombre de 23, échappent "pour le moment" à un confinement le week-end, les autorités locales pourront interdire l'accès aux zones très fréquentées pour éviter des regroupements de population, a indiqué le Premier ministre.

ESPAGNE – Février, mois le plus meurtrier

L'Espagne a de son côté franchi mercredi le seuil des 70'000 morts, après avoir connu le mois le plus meurtrier du Covid-19 depuis la première vague. Les indicateurs montrent toutefois que la situation sanitaire s'améliore, en particulier dans les maisons de retraite, où ont été injectés les premiers vaccins.

ITALIE – Un million de nouvelles personnes pauvres

La pandémie de coronavirus a fait basculer un million de personnes supplémentaires en dessous du seuil de pauvreté en Italie l'an dernier, selon une enquête publiée jeudi par l'Institut national des statistiques (Istat). Le nombre de pauvres est passé à 5,6 millions, soit 9,4% de la population contre 7,7% en 2019, atteignant un record depuis quinze ans. Cette proportion dépasse largement le taux de pauvreté enregistré lors du début de la crise financière en 2008 (3%).

La hausse de la pauvreté a été particulièrement brusque dans le riche Nord de l'Italie, avec 720'000 personnes de plus dont la dépense mensuelle est restée en-dessous d'un seuil considéré comme minimal en termes de conditions de vie. Le taux de pauvreté y a atteint 9,4%, contre 6,8% en 2019.

Si la hausse de la pauvreté a été particulièrement flagrante dans le Nord, c'est dans le Sud que son taux reste le plus élevé, avec 11,1% de la population contre 10,1% en 2019.

Les familles nombreuses sont particulièrement pénalisées, avec un taux de pauvreté passant de 16,2% à 20,7% pour celles comptant cinq membres ou plus.

Premier pays frappé par la pandémie en Europe, l'Italie avait imposé un strict confinement en mars et avril 2020, paralysant une grande partie de son tissu économique. Près de 450'000 personnes – surtout des femmes et des jeunes – ont perdu leur emploi l'an dernier et le PIB s'est effondré de 8,9%. Au quatrième trimestre 2020, la chute du PIB a ralenti à -1,9%, comparé aux trois mois précédents.

HONGRIE – Mesures durcies face à la troisième vague

La Hongrie va fermer ses écoles ainsi que la plupart des magasins et des entreprises à partir de lundi en réponse à la détérioration de la situation sanitaire, a annoncé le gouvernement jeudi.

"Les écoles primaires et les jardins d'enfants vont fermer jusqu'au 7 avril", a déclaré devant des journalistes Gergely Gulyas, le chef du Bureau du Premier ministre Viktor Orban.

Les magasins, à l'exception des magasins d'alimentation, des pharmacies et des stations-service, vont également baisser le rideau jusqu'au 22 mars, a-t-il dit, précisant que les employés devront privilégier le télétravail.

Près de 6300 infections au nouveau coronavirus ont été enregistrées jeudi dans ce pays de l'Union européenne (UE) qui compte 9,8 millions d'habitants. Il s'agit du chiffre le plus élevé depuis le 24 décembre, alors que la maladie a déjà tué 15'476 personnes selon les statistiques officielles.

La Hongrie est déjà placée depuis le mois de novembre sous couvre-feu en soirée et la nuit. Les rassemblements y sont interdits, les restaurants et les universités sont fermés.

Le mois dernier, elle est devenue le premier pays membre de l'UE à utiliser le vaccin russe Spoutnik V et celui du laboratoire chinois Sinopharm, sans attendre l'approbation de l'Agence européenne des médicaments (EMA). Près de 800'000 Hongrois avaient reçu au moins une dose à la date de jeudi.

UNION EUROPÉENNE – Espoir d'une vaccination de toutes et tous "d'ici la fin de l'été"

L'Union européenne devrait être en mesure de vacciner tous les citoyens et citoyennes européennes "d'ici la fin de l'été", a affirmé jeudi à Rome le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton, chargé des aspects industriels de la fabrication des vaccins.

"D'ici la fin de l'année, l'Europe sera en mesure de produire 2-3 milliards de vaccins par an", a-t-il assuré. "L'Europe est le premier continent pour la production de vaccins, viennent ensuite les Etats-Unis avec 2 milliards (...) Entre l'UE et les Etats-Unis, on pourra compter sur 5 milliards de vaccins par an pour le monde entier", a-t-il conclu.

Ces déclarations sont intervenues alors que le Premier ministre italien Mario Draghi a demandé mercredi soir à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen un "coup d'accélérateur" de la réponse européenne à la pandémie, "surtout concernant les vaccins".

Les retards de livraison des vaccins anti-Covid, dont l'achat a été mutualisé et organisé au niveau européen par la Commission, font l'objet de critiques dans nombre d'Etats membres.

>> Lire aussi : L'UE appelle à maintenir des restrictions "fermes" face aux variants

RUSSIE – Plus de 2 millions de personnes vaccinées

Plus de deux millions de Russes se sont fait administrer les deux doses du vaccin russe Spoutnik V, et deux millions supplémentaires ont reçu leur première dose, a annoncé jeudi Vladimir Poutine. Il s'agit d'environ 1,3% de la population russe.

Cette déclaration intervient alors que l'Agence européenne des médicaments (AEM) a annoncé jeudi avoir débuté une étude de ce vaccin mis au point par le centre de recherches moscovite Gamaleïa, une étape clé pour son déploiement en Europe.

Les chiffres rendus publics par Vladimir Poutine lors d'une rencontre avec des bénévoles au Kremlin montrent cependant que les autorités ont encore un long chemin à faire pour persuader les 146 millions d'habitants de se faire vacciner, environ un mois et demi après le début d'une campagne de vaccination massive à la mi-janvier.

Selon un sondage publié cette semaine par le centre indépendant Levada, près de deux tiers des Russes estiment que le Covid-19 est une "arme biologique" créée par l'être humain, et 62% des personnes interrogées ne sont pas disposées à se faire vacciner avec le Spoutnik V.

Son efficacité à 91,6% a été confirmée en février dans une étude publiée par la revue médicale The Lancet, validée par des experts indépendants.

>> Voir également :

L'Agence européenne des médicaments analyse le vaccin russe Spoutnik V. La Russie pourrait envoyer 50 millions de doses.
L'Agence européenne des médicaments analyse le vaccin russe Spoutnik V. La Russie pourrait envoyer 50 millions de doses. / 19h30 / 1 min. / le 4 mars 2021

Le deuxième vaccin russe EpiVacCorona, a été homologué en octobre. Et fin février, le pays a annoncé avoir enregistré son troisième vaccin, Covivac.

La Russie a officiellement recensé à ce jour 4'290'135 cas de coronavirus, dont 87'823 décès, des chiffres de mortalité bien inférieurs à ceux enregistrés parallèlement par les services statistiques russes.

ÉTATS-UNIS – Appel à la prudence du président et des autorités sanitaires

Le président américain Joe Biden appelle à la prudence et s'insurge contre la levée des restrictions dans certains Etats américains, jugée prématurée par les principaux responsables sanitaires fédéraux.

Le Texas a annoncé mardi la fin du port du masque obligatoire et la réouverture de "100%" des commerces dès la semaine prochaine. Le Mississippi a fait le même choix, dès mercredi.

Une "grande erreur" a jugé le président américain. "La dernière chose dont nous avons besoin est d'un raisonnement préhistorique qui affirme que tout va bien actuellement, 'retirez vos masques', 'oubliez tout ça',", a lancé le président démocrate, fidèle au message de prudence qu'il martèle sur le sujet de la pandémie.

"Ce n'est pas le moment de lever toutes les restrictions", a aussi insisté dans la matinée Rochelle Walensky, la directrice des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC).

Pour l'heure, les niveaux de cas et de décès quotidiens sont beaucoup moins élevés qu'il y a quelques semaines et la campagne de vaccination bat son plein, avec désormais trois vaccins autorisés: ceux de l'alliance Pfizer/BioNTech, de Moderna, et depuis quelques jours, de Johnson & Johnson, dont les premières injections ont commencé mardi.

COLOMBIE – Cap des 60'000 morts franchi

En Colombie, le troisième deuxième pays d'Amérique latine en termes de décès derrière le Brésil et le Mexique, le nombre de morts a dépassé mercredi les 60'000.

Le virus est apparu dans ce pays le 6 mars 2020. Le ministère de la Santé indique que 60'082 décès liés au Covid-19 ont été enregistrés et que le nombre des contaminations est proche de 2,3 millions.

Mais la Colombie a maintenant dépassé la phase critique et les nombres quotidiens de décès et d'infections ont baissé depuis plusieurs semaines. Le gouvernement a lancé le 17 février une campagne massive de vaccination.

La Colombie est actuellement le deuxième pays d'Amérique latine en termes de contagion, derrière le Brésil, et le troisième en termes de décès derrière le Brésil et le Mexique.

CHILI – Campagne de vaccination très efficace

Le Chili, grâce à une campagne particulièrement efficace, a administré au moins une dose de vaccin anti-Covid à plus de 3,5 millions de personnes pour 19 millions d'habitants, se plaçant dans le peloton de tête mondial.

RTSinfo et les agences

Publié Modifié

L'effet de la pandémie sur d'autres maladies

Le funeste effet de la pandémie sur le suivi d'autres maladies à travers le monde continue d'être constaté par les autorités sanitaires.

Baisse des diagnostics, voire interruption de traitements: la pandémie a eu un impact négatif sur les services qui soignent les cancers de l'enfant à travers le monde, en particulier dans les pays les moins riches, selon une étude parue jeudi dans la revue The Lancet Child and Adolescent Health.

Course aux vaccins

De façon générale, la course mondiale au vaccin se déroule en ordre dispersé, donnant lieu à une bataille d'influence entre grandes puissances, dans laquelle Chine et Russie avancent leurs pions.

Les Etats-Unis, englués dans la pandémie, réservent la vaste majorité des vaccins à leur population. Les Européens apparaissent à la traîne.