Au moins 38 personnes, d'après les Nations unies, ont été tuées mercredi par les forces de sécurité, qui ont tiré à balles réelles sur des rassemblements de contestataires, suscitant de nouvelles protestations internationales.
Dans un rapport rendu public jeudi, Thomas Andrews, un expert indépendant mandaté par l'ONU, souligne que "même si l'avenir de la Birmanie est déterminé par son peuple, la communauté internationale doit agir de manière urgente et décisive pour le soutenir".
Le rapporteur spécial des Nations unies recommande en conséquence au Conseil de sécurité, qui se réunit vendredi à huis clos pour discuter de la situation dans ce pays, de lui "imposer un embargo mondial sur les armes", comme le font déjà, selon lui, les Européens et le Canada, appelant en outre à "des sanctions économiques ciblées" contre les généraux birmans.
Michelle Bachelet consternée
L'armée doit cesser d'"assassiner et emprisonner les manifestants", a quant à elle exhorté Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, "consternée par les attaques documentées contre le personnel médical d'urgence et les ambulances qui tentent de prodiguer des soins aux personnes blessées".
Malgré la crainte des représailles, plusieurs manifestations ont eu lieu jeudi, notamment à Rangoun, la capitale économique. "Nous sommes unis!", ont scandé des contestataires derrière des barricades faites de vieux pneus, de briques, de sacs de sable et de fil de fer barbelé.
Certains rassemblements ont été dispersés avec du gaz lacrymogène, d'après un média.
Vent de fronde
La junte semble plus déterminée que jamais à éteindre le vent de fronde soufflant sur la Birmanie depuis le putsch qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi. Mercredi, des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des manifestants couverts de sang et blessés par balle à la tête.
La télévision d'Etat a de son côté assuré que les forces de sécurité n'utilisaient que "des armes destinées au contrôle des foules afin de minimiser les blessures". Au moins 54 civils ont été tués depuis le coup d'Etat, selon l'ONU. Parmi eux, quatre mineurs, dont un adolescent de 14 ans, d'après l'ONG Save the Children. On compte aussi des dizaines de blessés.
ats/gma
Boris Johnson se dit "horrifié"
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s'est dit jeudi "horrifié" par la mort de dizaines de manifestants tués par les forces de sécurité en Birmanie, appelant la junte à mettre fin à "la répression militaire".
"Je suis horrifié par l'escalade de la violence en Birmanie et la mort de manifestants pro-démocratie", a déclaré le dirigeant britannique sur Twitter.
"Nous sommes aux côtés du peuple birman pour appeler à la fin de la répression militaire, à la libération d'Aung San Suu Kyi et des autres, ainsi qu'au rétablissement de la démocratie", a-t-il ajouté.