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La Chine s'octroie un droit de veto en vue des élections à Hong Kong

Pékin redoute une nouvelle victoire de l'opposition pro-démocratie à Kong Kong. [AP/Keystone - Kin Cheung]
La Chine s'octroie un droit de veto en vue des élections à Hong Kong / La Matinale / 2 min. / le 4 mars 2021
Pékin a accentué vendredi son offensive pour imposer sa volonté à Hong Kong. Le Parlement est saisi d'une réforme électorale qui permettra à la Chine d'écarter des élections les candidats de l'opposition prodémocratie.

L’ancienne colonie britannique se retrouve une fois de plus sur le devant de la scène. Les députés chinois imposeront une profonde réforme électorale que les opposants au régime voient comme le dernier clou dans le cercueil de la démocratie hongkongaise.

Pékin a d'ores et déjà fait savoir qu'elle entendait limiter les candidatures aux élections aux seuls "patriotes" – à savoir des individus fidèles au parti communiste chinois. Le projet de loi n’a pas encore été rendu public, mais un haut-responsable du Parlement a exposé les grandes lignes de la réforme.

Le Parlement hongkongais compte actuellement 70 députés, dont 35 sont élus démocratiquement par la population. L’autre moitié de l’assemblée est désignée par un comité spécial inféodé à Pékin. Le projet en discussion prévoit d’une part d’accroître la part de députés désignés par le comité et, d'autre part, de charger ce même comité de valider les candidatures au scrutin démocratique.

Droit de veto à Pékin

En d'autres termes, ce nouveau système consiste à donner un droit de veto à Pékin, qui contrôlerait dès lors l’ensemble du processus électoral. "Ce projet vise purement et simplement à exclure l'opposition prodémocratique du paysage politique hongkongais", explique Jean-Pierre Cabestan, professeur de science politique à l'Université Baptiste de Hong Kong. "Pékin sait très bien qu'une majorité des hongkongais votent pour les partis pan-démocrates. Xi Jinping ne veut plus de mauvaises surprises, d'où la nécessité d'excommunier ces acteurs politiques".

Les autorités chinoises n'ont en effet pas oublié l’élection des conseillers de district, fin 2019. Après des mois d'intenses manifestations en faveur de réformes démocratiques, les Hongkongais avaient asséné une gifle monumentale au parti communiste. La participation historiquement élevée au scrutin avait résulté sur une écrasante victoire des candidats prodémocratie. Ces derniers avaient alors raflé 389 sièges sur 452, infligeant une humiliante défaite aux partis pro-Pékin.

Si la victoire était avant tout symbolique, les conseillers de district n’ayant pas de réel pouvoir politique, elle a servi d’électrochoc pour le parti communiste. Signe d’une certaine nervosité, les élections législatives prévues en septembre 2020 ont été reportées d’un an – officiellement en raison du Covid. Selon plusieurs sources locales, la Chine se prépare à nouveau à repousser l'échéance, le temps d’achever sa refonte du système.

"Le parti communiste veut neutraliser Hong Kong"

"Le parti communiste veut neutraliser Hong Kong qu'il considère comme une base de subversion qui risquerait à terme de déstabiliser le régime", précise Jean-Pierre Cabestan. "Ces efforts traduisent plus largement l'hostilité des autorités chinoises face à toute forme de démocratie. C'est un facteur de guerre froide dans le contexte de confrontation idéologique frontale avec la Chine qui se présente comme l'ennemi numéro un de la démocratie dans le monde".

Michael Peuker

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Elections repoussées d'un an?

L'élection des conseillers de district, fin 2019, avait été largement remportée par l'opposition. Aujourd'hui, Pékin semble redouter que l'affront se répète.

Selon la presse locale, les élections législatives, qui auraient déjà dû se tenir l'an dernier, mais ont été reportées pour cause d'épidémie, pourraient à nouveau être repoussées d'un an.

L'UE "prête" à des mesures supplémentaires

"L'UE invite les autorités de Pékin à examiner attentivement les conséquences politiques et économiques de toute décision de réformer le système électoral de Hong Kong qui porterait atteinte aux libertés fondamentales, au pluralisme politique et aux principes démocratiques", à cet égard a averti vendredi le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

"L'UE est prête à prendre des mesures supplémentaires en réponse à toute nouvelle détérioration grave des libertés politiques et des droits de l'homme à Hong Kong, qui serait contraire aux obligations nationales et internationales de la Chine", a-t-il poursuivi.