Il "n'y a pas de consensus" et "il n'est pas prévu d'aller plus loin", a déclaré à l'AFP un diplomate sous couvert d'anonymat. "Il n'y aura pas" de déclaration, a confirmé un autre diplomate, également sous couvert d'anonymat.
Selon un troisième diplomate, la Chine a bloqué le projet en exigeant d'enlever du projet de texte, maintes fois remanié depuis jeudi matin, une mention du Conseil de sécurité réclamant la "fin des violences au Tigré".
Cette demande était inacceptable pour les Occidentaux et l'Irlande, membre non permanent du Conseil de sécurité et rédactrice du projet de déclaration. La Russie s'est jointe à l'opposition de la Chine. L'Inde a aussi fait barrage au texte, mais in fine pour un détail mineur qui nécessitait un petit amendement, selon des diplomates.
"Affaire intérieure"
Pékin et Moscou, auprès desquels aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat, considèrent que le conflit armé au Tigré depuis début novembre relève d'une "affaire intérieure". Selon un diplomate, les deux capitales auraient accepté un texte sous condition qu'il ne porte que sur la situation humanitaire dans cette région dissidente du nord de l'Ethiopie.
Jeudi matin, le Conseil de sécurité de l'ONU avait tenu une visioconférence à huis clos sur le Tigré, mais déjà sans pouvoir s'entendre sur une déclaration commune. Une poursuite de négociations avait cependant été décidée.
Pour la première fois depuis le début du conflit, les pays africains membres du Conseil, Kenya, Niger, Tunisie, qui privilégiaient jusqu'alors une résolution de la crise via une médiation de l'Union africaine, avaient affirmé leur accord pour l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité.
Enquête réclamée
Lors de la visioconférence du Conseil de sécurité, le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, avait réclamé que l'Erythrée retire ses troupes du Tigré. "Les forces de défense de l'Erythrée doivent quitter l'Ethiopie et elles ne doivent pas être autorisées à continuer leur campagne de destruction avant leur départ", avait-il insisté.
Un peu plus tôt à Genève, la haute-commissaire de l'ONU aux droits humains, Michelle Bachelet, avait accusé l'armée érythréenne d'atrocités au Tigré.
De manière plus générale, elle avait appelé à une "enquête objective et indépendante", après avoir "corroboré de graves violations" susceptibles de constituer des "crimes de guerre et des crimes contre l'humanité" au Tigré.
>> Relire : L'ONU réclame une enquête sur de possibles "crimes de guerre" au Tigré
afp/vajo
Inquiétude croissante
Vendredi, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a affirmé que les soldats érythréens avaient tué des centaines de civils, y compris des enfants, dans un massacre perpétré en novembre à Aksoum, dans la région éthiopienne du Tigré.
Ce rapport est le deuxième d'envergure à documenter le massacre d'Aksoum (ou Axoum), après celui la semaine dernière d'Amnesty International qui décrivait comment les troupes érythréennes "se sont déchaînées et ont méthodiquement tué des centaines de civils de sang-froid".
Ces conclusions s'inscrivent dans un contexte d'inquiétude croissante de la communauté internationale sur les atrocités présumées commises par les troupes érythréennes qui ont combattu, aux côtés de l'armée fédérale, les autorités dissidentes du Tigré lors d'une opération militaire lancée par Addis Abeba début novembre.