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L'opposant sénégalais Ousmane Sonko relâché, l'armée se déploie à Dakar

Une violente crise politique secoue le Sénégal depuis une semaine
Une violente crise politique secoue le Sénégal depuis une semaine / Forum / 3 min. / le 8 mars 2021
Un juge sénégalais a inculpé lundi le principal opposant au pouvoir Ousmane Sonko dans une affaire de viols présumés, mais l'a relâché sous contrôle judiciaire. Son arrestation provoque depuis la semaine dernière les heurts les plus graves qu'ait connus le pays depuis des années.

Ousmane Sonko "est inculpé dans le dossier de viols et placé sous contrôle judiciaire", a dit à la presse l'un de avocats. "Il rentre chez lui. Il est libre", a précisé un autre défenseur, après la présentation de son client au juge.

Ce rendez-vous avec le juge était lourd d'enjeux autres que judiciaires. Il coïncidait avec un appel à manifester lancé par un collectif de contestation auquel appartient le parti d'Ousmane Sonko.

"Complot" dénoncé

Ousmane Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, a été arrêté officiellement pour trouble à l'ordre public, alors qu'il se rendait en cortège au tribunal où il était convoqué pour répondre à des accusations de viol portées contre lui par une employée d'un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.

Personnalité au profil antisystème, le député crie au complot ourdi par le président lui-même pour l'écarter de la prochaine présidentielle.

L'arrestation d'Ousmane Sonko a non seulement provoqué la colère de ses partisans. Elle a aussi, disent de nombreux Sénégalais, porté à son comble l'exaspération accumulée par la dégradation, au moins depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020, des conditions de vie dans un pays déjà pauvre.

Au moins cinq personnes ont été tuées dans les heurts de la semaine passée.

Des blindés à Dakar

Le collectif Mouvement de défense de la démocratie (M2D), comprenant le parti de l'opposant, des formations d'opposition et des organisations contestataires de la société civile, a appelé "à descendre massivement dans les rues" à partir de lundi et pendant trois jours.

Après trois jours d'affrontements, de saccages et de pillages depuis son arrestation le 3 mars, des blindés de l'armée ont pris position dans Dakar en prévision de cette journée à hauts risques dans le capitale et dans tout le pays de 16 millions d'habitants, considéré d'ordinaire comme un îlot de stabilité politique.

Le ministère sénégalais de l'Education nationale a également ordonné dimanche la fermeture des écoles jusqu'au 15 mars en raison des manifestations parfois violentes qui devrait se poursuivre cette semaine.

>> Lire : Le Sénégal en proie aux troubles suspend l'école pour une semaine

afp/kkub

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