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Les forces de sécurité déployées contre des grévistes à Rangoun

Des barricades ont été brûlées par les soldats birmans lors d’une manifestation à Rangoun. [AFP]
Les forces de sécurité déployées dans Rangoun après une nuit de raids et d'arrestations / La Matinale / 24 sec. / le 9 mars 2021
Les forces de sécurité birmanes ont lancé un raid mercredi à Rangoun contre des cheminots grévistes opposés à la junte, l'ONU ne parvenant toujours pas à un consensus pour condamner le coup d'Etat.

Face à une ONU divisée, les généraux putschistes font fi des condamnations internationales et poursuivent leur répression. Plusieurs centaines de policiers et de soldats se sont déployés mercredi autour de l'enceinte où réside le personnel ferroviaire de la gare Ma Hlwa Gone, dans l'est de la capitale économique.

"Ils bloquent les portes (des appartements) et les détruisent pour entrer", a relaté une membre de la famille d'un cheminot, sous couvert d'anonymat par peur des représailles. "J'ai réussi à m'échapper, mais je m'inquiète pour les travailleurs" et leurs proches encore coincés.

Selon elle, quelque 800 employés des chemins de fer dans cette gare sont impliqués dans le mouvement de désobéissance civile. Médecins, enseignants, employés des compagnies d'électricité, cheminots, de nombreux fonctionnaires ont cessé le travail depuis le coup d'État du 1er février qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi.

Un conflit qui s'enlise

Ce mouvement perturbe la fragile économie birmane avec des bureaux ministériels vides, des écoles et des hôpitaux fermés, des banques dans l'incapacité de fonctionner.

Les principaux syndicats ont appelé à "l'arrêt complet de l'économie" pour tenter de paralyser le pays et d'augmenter la pression sur les militaires. La junte a ordonné de son côté aux fonctionnaires de reprendre le travail, faute de quoi ils seraient licenciés et s'exposeraient à des représailles.

La Birmanie est en ébullition depuis le putsch, avec des manifestations quotidiennes à travers tout le pays. Quelques rassemblements épars ont été organisés ce mercredi.

La junte semble plus déterminée que jamais à vouloir éteindre le vent de fronde largement pacifique qui souffle sur le pays. Au moins 60 civils ont été tués et près de 2000 personnes arrêtées depuis le 1er février, d'après l'Association d'assistance aux prisonniers politiques. L'armée assure toutefois ne pas être impliquée dans le décès des manifestants.

>> Ecouter l'interview de David Camroux dans Tout un monde sur la situation en Birmanie :

Des soldats birman avancent derrière des boucliers en direction de la foule dans une rue de Rangoun, capitale de la Birmanie, le 2 mars 2021. [AP/Keystone]AP/Keystone
Le point sur la situation en Birmanie: interview de David Camroux / Tout un monde / 9 min. / le 4 mars 2021

afp/iar

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Le Conseil de sécurité de l'ONU "condamne fermement" la violence des militaires

Le Conseil de sécurité de l'ONU "condamne fermement la violence contre des manifestants pacifiques, incluant des femmes, des jeunes et des enfants" en Birmanie, dans une déclaration acceptée mercredi à l'unanimité de ses membres, dont la Chine, selon des diplomates.

>> Relire : L'ambassadeur birman à l'ONU démis de ses fonctions par la junte militaire

Cette déclaration, deuxième manifestation en un peu plus d'un mois d'une rare unité du Conseil de sécurité sur la Birmanie, s'en prend de manière inédite aux militaires et réclame aussi aux parties de "chercher une solution pacifique" à la crise provoquée par le coup d'Etat du 1er février, selon le texte obtenu par l'AFP.

Sans reprendre ces termes de "coup d'Etat" et sans mentionner la possibilité de sanctions internationales si la répression se prolonge, comme prévu dans de premières versions de la déclaration négociée depuis vendredi, le texte est cependant très critique à l'égard des généraux qui ont renversé le pouvoir civil début février.

La déclaration demande aussi à l'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, la Suissesse Christine Schraner Burgener de "se rendre en Birmanie dès que possible". En dépit de demandes répétées, la junte, avec qui la responsable est toujours en contact, selon l'ONU, lui refuse à ce jour la possibilité de revenir dans le pays.