Des manifestations avaient commencé dès le début d'après-midi
dans le centre et le sud du Mexique. Quelque 3000 personnes
conduites par des enfants vêtus de blanc ont défilé à Pachuca, la
capitale de l'Etat d'Hidalgo (centre), et 200 autres à Tapachula,
ville frontalière avec le Guatemala (sud).
A Mexico, où une marche similaire avait rassemblé quelque
500'000 manifestants en 2004, la manifestation s'est terminée par
un hymne national chanté à l'unisson, comme dans les autres
rassemblements à travers le pays.
Plus de 2700 morts
La violence a explosé dans le pays depuis que le président
conservateur Felipe Calderon, arrivé au pouvoir en décembre 2006, a
lancé une offensive contre les trafiquants de drogue en déployant dans le pays
plus de 36'000 militaires et policiers.
Les manifestants réclament des autorités des mesures plus
efficaces contre cette violence, liée essentiellement au trafic de
drogue. Elle a déjà fait 2712 morts depuis le début de 2008, en
particulier dans l'Etat de Chihuahua (nord). Ce bilan dépasse déjà
celui de l'ensemble de l'année 2007.
Président critiqué
Le président Calderon avait annoncé au cours de la semaine que
les opérations policières avaient conduit entre septembre 2007 et
juin 2008 à l'arrestation de 22'000 personnes et à la saisie de
11'000 armes. Il avait souligné que plus de 100 policiers et près
de 70 militaires avaient été tués en intervention.
Rappelant l'adoption la semaine précédente d'un "pacte national de
sécurité" prévoyant une purge dans les rangs de la police et des
condamnations plus lourdes pour les auteurs d'enlèvements
(lire ci-contre), il avait également blâmé la
population pour son "apathie".
"La force de la loi au Mexique a été menacée par des criminels
qui, pendant des années, ont été confortés par la tolérance et
parfois la corruption de certaines autorités, ainsi que par
l'indifférence et l'apathie de nombre de citoyens", avait-il
déclaré. Sur ce dernier point, les organisateurs d'"Illuminons le
Mexique" voulaient lui prouver samedi qu'il se trompe.
afp/sbo
Cadavres décapités
Jeudi, douze hommes décapités, identifiés ensuite pour la plupart comme des délinquants, ont été découverts près de Mérida, la capitale de l'Etat du Yucatan (sud-est), épargnée jusqu'alors par les règlements de comptes entre trafiquants de stupéfiants qui tournent à la tuerie.
La décapitation est une forme de message entre cartels rivaux dans leur guerre pour le contrôle du trafic de la drogue, intense au Mexique qui est devenu une zone stratégique pour le transit des cargaisons vers les Etats-Unis.
La liste s'est ensuite allongée: vendredi, trois hommes ont été découverts assassinés et décapités à Nogales, localité frontalière des Etats-Unis située dans l'Etat de Sonora (nord-est), et un autre à Madère, dans l'Etat de Chihuahua.
Samedi, deux soeurs ont été retrouvées décapitées à Durango (nord).
Vague d'enlèvements
Les enlèvements contre rançon sont également devenus monnaie courante au Mexique.
323 cas ont été officiellement enregistrés pendant le premier semestre 2008, 438 sur l'ensemble de 2007.
Le Mexique s'est particulièrement ému, début août, de l'enlèvement et de l'assassinat dans la capitale d'un adolescent de 14 ans, Fernando Marti.
L'enquête a révélé que des policiers étaient impliqués.