Modifié

Alors que les violences continuent, la Chine appelle la Birmanie à la désescalade

L'ambassadeur de la Chine à l'ONU appelle la Birmanie à la "désescalade", l'important pour Pékin étant "la stabilité" de la Birmanie et de ses frontières avec la Chine. [Carlo Allegri]
La Chine appelle la Birmanie à la désescalade / Le Journal horaire / 31 sec. / le 11 mars 2021
La Chine estime qu'"il est maintenant temps de procéder à la désescalade" en Birmanie et qu'"il est temps de dialoguer", a affirmé l'ambassadeur chinois à l'ONU, alors que huit manifestants ont à nouveau été tués jeudi.

Le représentant chinois aux Nations unies s'est exprimé après l'approbation par le Conseil de sécurité d'une déclaration condamnant pour la première fois la junte militaire. "L'heure est à la diplomatie", a-t-il aussi souligné dans un communiqué, en affirmant que "la Chine avait participé à la négociation" organisée par le Royaume-Uni au sein du Conseil de sécurité pour cette déclaration "d'une manière constructive".

"Il est important que les membres du Conseil parlent d'une seule voix. Nous espérons que le message du Conseil sera de nature à améliorer la situation en Birmanie", a insisté le diplomate chinois.

"Critiquer les militaires, c'est une première pour la Chine", relève un diplomate européen sous couvert d'anonymat, encore surpris du virage chinois alors que Pékin a toujours qualifié la crise en Birmanie d'"affaire interne".

Explication possible

Selon plusieurs sources diplomatiques, ce revirement s'explique par une relation sino-américaine plus apaisée et par l'"embarras" de la Chine face à un coup d'Etat qui l'a prise de court et la laisse sans stratégie de sortie de crise.

Dans sa déclaration, le Conseil de sécurité a condamné "fermement la violence contre des manifestants pacifiques, incluant des femmes, des jeunes et des enfants" en Birmanie.

Il s'est aussi déclaré "profondément préoccupé par les restrictions imposées au personnel médical, à la société civile, aux membres des syndicats, aux journalistes et aux professionnels des médias" et a demandé "la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement".

Huit nouvelles victimes, 60 au total

Ces déclarations interviennent alors que huit manifestants, au moins, ont été tués jeudi dans le pays, où des rassemblements pro-démocratie ont une nouvelle fois été organisés en dépit de l'amplification de la répression par les forces de sécurité accusées par Amnesty International d'employer des tactiques de combat contre les opposants.

Selon des médias locaux, un manifestant a péri à Rangoun, l'ancienne capitale et principale ville du pays. Sept autres sont décédés à Myaing, dans le centre du pays, a-t-on appris auprès d'un témoin et de médias.

Plus de soixante personnes ont été tuées par les forces de sécurité et au moins 2000 personnes ont été arrêtées depuis le 1er février, date du coup d'Etat qui a conduit la junte militaire au pouvoir.

agences/br

Publié Modifié

Des sanctions américaines

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi des sanctions contre deux enfants du chef de la junte militaire birmane qui a renversé le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi. Six sociétés qu'ils contrôlent sont également concernées. Des sociétés qui ont directement profité de la position de leur père et de son influence néfaste, a expliqué le ministère américain du trésor dans un communiqué.

Par ailleurs, Amnesty International a dénoncé jeudi des "exécutions extrajudiciaires" en Birmanie par la junte militaire à l'origine du coup d'Etat du 1er février. L'ONG pointe également le recours à des armes de guerre contre les manifestants pro-démocratie.