Plus de 150 personnes - dont une immense majorité de membres de la députation - venues de toute la Russie participaient à ce forum dans un hôtel du nord de Moscou, dont l'objectif était de discuter des futures élections régionales et locales.
"Quarante minutes après le début du forum, la police a rempli la salle. Tous les députés ont été arrêtés et emmenés dans les commissariats", a indiqué sur Facebook l'opposant Ilia Iachine, accompagnant son post d'une photo de lui dans un fourgon de police.
Durcissement face à l'opposition
Cette opération de police, inédite en Russie, intervient dans un contexte de fort durcissement du pouvoir face à l'opposition, avec notamment la condamnation à deux ans et demi de prison en février du principal adversaire du Kremlin, Alexeï Navalny.
Sur les réseaux sociaux et dans les médias russes, les images montraient plusieurs dizaines de fourgons de police garés dans la neige devant l'hôtel, tandis que les forces de l'ordre investissaient le bâtiment.
"Indésirable"
Selon de nombreux témoins cités par les médias russes, les policiers reprochaient au forum d'être organisé par une organisation "indésirable", selon les termes d'une loi promulguée en 2015 par Vladimir Poutine, qui permet d'interdire toute organisation recevant ce label.
L'ex-maire de Ekatérinbourg Ievguéni Roïzman ou l'opposant Vladimir Kara-Murza figurent parmi les personnes arrêtées, tout comme plusieurs journalistes qui couvraient le forum.
Au total selon l'ONG OVD-Info, spécialisée dans le décompte des arrestations, plus de 150 personnes ont été interpellées. Contactée par l'AFP, un porte-parole la police de Moscou a lui dit ne pas savoir pourquoi la conférence avait été interrompue.
"Intimidation"
Le forum - premier de ce genre en Russie - était organisé par les "Démocrates unis", un projet de l'oligarque en exil et bête noire du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski qui vise à favoriser l'élection de députés indépendants aux élections locales
L'équipe d'Alexeï Navalny a pour sa part estimé que les raisons de l'annulation du forum étaient "claires": "les autorités ont peur de toute concurrence lors des élections et intimident leurs opposants".
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afp/kkub