«Après le premier bureau de vote, j'étais un peu étonnée, mais
maintenant les choses se sont normalisées», a dit Luisa Morgantini,
la cheffe de mission des observateurs européens (UE).
Chaos
Dans la matinée, elle avait constaté des délais et des retards
dans trois bureaux de vote à Cacuaco, un quartier pauvre de la
capitale. «Ce que nous avons vu est une catastrophe», avait-elle
alors dit. Les observateurs du Parlement pan-africain (PAP) avaient
eux noté dans la matinée des «problèmes de coordination».
Dans le quartier populaire de Samba, proche de l'aéroport, l'AFP a
vu des agents électoraux se battre pour s'approprier les quelques
chaises et tables disponibles, tandis que les tentes abritant les
bureaux de vote n'avaient toujours pas été montées trois heures
après l'ouverture du scrutin.
Cette «confusao» (confusion) typique de la tentaculaire capitale,
où cinq à sept des 16 millions d'Angolais ont trouvé refuge face
aux dévastations de la guerre civile, n'a toutefois pas affecté les
provinces dépeuplées de l'immense pays.
Le parti au pouvoir grand favori
Dans le quartier du palais présidentiel de Cidade Alta, le
président José Eduardo Dos Santos a voté en toute sérénité. Le chef
de l'Etat, 66 ans dont 29 au pouvoir, a été le premier à déposer
son bulletin dans l'urne, accompagné de son épouse Ana Paola,
faisant patienter plusieurs centaines d'électeurs.
La victoire de son parti, le Mouvement populaire pour la
libération de l'Angola (MPLA, marxiste) qui dirige l'ancienne
colonie portugaise depuis son indépendance en 1975, paraissait
acquise.
Le MPLA a largement dominé une campagne par ailleurs paisible,
utilisant sans vergogne les médias d'Etat qui ont consacré une
couverture quotidienne aux activités du président.
S'il loue la tenue des élections, qu'il qualifie de «victoire en
soi», le leader de l'Union nationale pour l'indépendance totale de
l'Angola (UNITA, opposition) Isaias Samakuva ne se berce pas
d'illusion. «Le résultat de cette élection ne sera pas équitable»,
a-t-il affirmé jeudi soir.
agences/ant
Présidentielle prévue en 2009
Ces législatives ont valeur de test pour José Eduardo Dos Santos avant un scrutin présidentiel annoncé pour l'année prochaine. Les deux tiers des Angolais vivent en dessous du seuil de pauvreté dans ce pays riche en diamants, qui dispute au Nigeria la place de premier producteur de pétrole du continent et enregistre en 2008 une croissance de plus de 20%.
La principale inconnue réside dans le vote des immenses bidonvilles de Luanda, dont 90% de la population vit dans une misère sordide côtoyant l'opulence de l'élite.
Les 220 députés de l'Assemblée nationale seront élus à la proportionnelle dans 19 grandes circonscriptions correspondant aux provinces.
En 1992, les rebelles de l'UNITA avaient rejeté les résultats d'élections organisées lors d'une trêve dans la guerre civile.
Il a fallu le décès en 2002 de Jonas Savimbi, le chef du mouvement longtemps soutenu par l'Afrique du Sud de l'apartheid, pour que prenne fin le conflit. Plus de 500'000 personnes y ont perdu la vie.