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Le doute grandit et l'étau se resserre autour du vaccin d'AstraZeneca

Des doses du vaccin d'AstraZeneca à Berlin le 10 février 2021. [EPA/Keystone - Kay Nietfeld]
Le doute grandit et l'étau se resserre autour du vaccin d'AstraZeneca / Le Journal horaire / 37 sec. / le 15 mars 2021
Dans le sillage de plusieurs pays européens, l'Allemagne, la France, l'Italie et l'Espagne ont annoncé à leur tour lundi la suspension préventive du vaccin d'AstraZeneca contre le Covid-19. Mais l'emballement des autorités de santé divise les professionnels.

"Suivant une recommandation de l'institut Paul Ehrlich (chargé des vaccins, ndlr), le gouvernement suspend par précaution l'administration du vaccin AstraZeneca", a déclaré le ministère allemand de la Santé. L'institut médical "estime que d'autres examens (sont) nécessaires".

En France, le président Emmanuel Macron a annoncé la même décision "jusqu'à un avis européen" attendu rapidement. Et l'agence du médicament italienne a publié un communiqué allant dans le même sens. Elle "a décidé à titre de précaution et de manière temporaire, dans l'attente d'une décision de l'EMA, d'interdire l'utilisation du vaccin AstraZeneca sur tout le territoire national".

Dans la foulée, l'Agence européenne des médicaments a annoncé qu'elle tiendrait une réunion extraordinaire jeudi après la suspension par plusieurs pays de l'utilisation du vaccin AstraZeneca. Elle ajoute que les avantages du vaccin l'emportent toujours sur les risques. L'OMS a pour sa part réaffirmé que les pays devraient continuer à vacciner avec AstraZeneca: "Nous ne voulons pas que les gens paniquent", a indiqué l'organisation onusienne.

Ces annonces à caractère préventif interviennent après le signalement de divers cas graves de caillots sanguins (thrombose) ou de difficultés à coaguler chez des adultes vaccinés, sans qu'aucun lien ne soit encore prouvé. Ils ont provoqué le décès de plusieurs personnes (lire encadré).

Comme une traînée de poudre

Depuis une semaine, un certain nombre de pays européens ont déjà suspendu la vaccination avec AstraZeneca à titre préventif. Après le Danemark, l'Islande, la Norvège et la Bulgarie, les Pays-Bas et l'Irlande ont annoncé la même décision dimanche. D'autres pays, comme l'Autriche, ont suspendu uniquement l'utilisation d'un ou plusieurs lots précis du vaccin.

Mais en l'état, les autorités reconnaissent toutes qu'il n'y a aucun lien avéré entre ces problèmes de santé et le vaccin AstraZeneca, à part l'enchaînement chronologique. Si celui-ci est suspendu, c'est simplement le temps de s'assurer qu'un tel rapport n'existe pas.

Il s'agit d'un principe de précaution classique, qui a l'aval de certains chercheurs. "Quand on utilise un produit relativement récent comme tous ces nouveaux vaccins, on doit les surveiller comme le lait sur le feu et dès qu'il y a un signal, même si on n'y croit pas, il faut tout arrêter", avait estimé jeudi dernier la vaccinologue suisse Claire-Anne Siegrist dans le 19h30 de la RTS.

>> L'interview de Claire-Anne Siegrist :

Suspension d'AstraZeneca: les précisions de Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre de vaccinologie des HUG
Suspension d'AstraZeneca: les précisions de Claire-Anne Siegrist, directrice du Centre de vaccinologie des HUG / 19h30 / 3 min. / le 11 mars 2021

"Aucun sens" d'arrêter la vaccination

Mais l'approche laisse perplexe nombre d'autres professionnels, qui soulignent que ces problèmes de santé ne semblent pas plus fréquents après le vaccin AstraZeneca qu'après les autres actuellement distribués en Europe, Pfizer/BioNTech et Moderna.

"Ca n'a aucun sens (de) procéder à des arrêts de cette vaccination", s'est étonné lundi Bruno Riou, cadre de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, sur France Inter. "C'est comme si on disait: il y a eu un accident de voiture chez un vacciné, on va interdire la conduite ou supprimer la vaccination!"

L'homologation en attente en Suisse

En Suisse, l'agence de validation des médicaments Swissmedic n'a toujours pas donné son feu vert au vaccin d'AstraZeneca. Elle avait exigé début février des données supplémentaires pour ce produit toujours en cours d'évaluation.

agences/oang

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Divers décès examinés en Europe

La Norvège a annoncé lundi la mort par hémorragie cérébrale d'une soignante de moins de 50 ans. Elle avait été hospitalisée après avoir reçu une injection du vaccin anti-Covid d'AstraZeneca, sans qu'un lien entre les deux puisse être établi à ce stade.

Samedi, les autorités sanitaires norvégiennes avaient fait état de l'hospitalisation de trois membres du personnel soignant souffrant de thrombopénie (quantité anormalement basse de plaquettes sanguines), de saignements et de caillots sanguins.

Présentés comme relativement jeunes, tous avaient auparavant reçu une première injection du vaccin d'AstraZeneca. C'est l'une d'entre eux qui est décédée.

Une autre soignante d'une trentaine d'années était aussi morte vendredi en Norvège, dix jours après avoir reçu le même vaccin. D'autres décès ont aussi été rapportés en Europe, notamment en Autriche et au Danemark.

Dix cas d'effets secondaires potentiellement liés au vaccin AstraZeneca ont également été signalés aux Pays-Bas, sans lien avéré à ce stade, a déclaré un centre néerlandais de surveillance des médicaments.

L'Autriche avait suspendu le 8 mars un lot de vaccins après la mort d'une infirmière qui venait de recevoir une dose d'AstraZeneca. La femme de 49 ans est décédée à cause d'une mauvaise coagulation sanguine.

En Italie, les autorités du Piémont (nord), ont annoncé lundi la mort d'un homme quelques heures après sa vaccination. Et les autorités siciliennes avaient ordonné la semaine dernière la saisie d'un  lot du vaccin AstraZeneca après la mort de deux hommes récemment vaccinés.

Toujours plus de retard dans les livraisons

Les suspensions de vaccination en Europe représentent une nouvelle déconvenue pour AstraZeneca, qui risque par ailleurs de ne pas pouvoir tenir son nouvel objectif de livraison de 30 millions de doses de son vaccin à l'Union européenne d'ici fin mars.

Le laboratoire anglo-suédois a besoin en effet de l'homologation d'une usine aux Pays-Bas pour y parvenir, selon un document interne révélé dimanche par l'agence Reuters.

AstraZeneca avait déjà annoncé vendredi soir qu'il ne visait plus désormais que 30 millions de doses livrées à l'UE d'ici fin mars, alors que le contrat signé avec l'UE en prévoyait 90 millions et qu'il en évoquait encore 40 millions le mois dernier.