A Houston, quatrième ville des Etats-Unis avec 2,2 millions
d'habitants, les résidents ont en revanche été invités à se
calfeutrer chez eux.
Cette décision constitue un risque calculé, les autorités
cherchant à éviter un chaos semblable à celui qui a suivi l'ordre
d'évacuation de Houston à l'approche de l'ouragan Rita en 2005. Le
nombre de morts attribué à l'évacuation avait été dix fois
supérieur au bilan imputé directement à la tempête.
Galveston déserté
Dès vendredi soir, de premières pluies et des vents violents
devaient toucher certaines régions texanes. Ike est attendu sur les
côtes samedi matin, au sud-ouest de Galveston, une station
balnéaire située à 80 kilomètres au sud-est de Houston, qui avait
subi de plein fouet en 1900 l'ouragan le plus meurtrier ayant
frappé les Etats-Unis. Il avait fait au moins 6000 morts.
La ville était déserte et, partout, magasins et maisons étaient
barricadés avec des planches de contreplaqué. En dépit des alertes,
un quart des habitants ont décidé de rester dans l'île de
Galveston, selon la mairie, qui évalue leur nombre à 14'500 sur un
total de 58'000.
Crainte d'un "tsunami"
Les météorologues craignent qu'Ike
provoque de fortes inondations dans les zones côtières, conséquence
de fortes pluies et d'énormes vagues qui s'apparenteront à un
tsunami. Vendredi, le NHC a d'ailleurs annoncé une montée des eaux
de six mètres sur les zones côtières, ainsi que des vagues "hautes
et dangereuses". "Ce sera, en toute franchise, quelque chose qui
fera peur", a averti le maire de Houston Bill White. "Beaucoup de
gens dans cette ville n'ont jamais fait l'expérience de la force de
tels vents", a-t-il souligné.
Jeudi, des ordres d'évacuation avaient été émis pour les zones
côtières de la région. Le président George W. Bush a été informé
vendredi de la situation par le secrétaire à la Sécurité intérieure
Michael Chertoff, après s'être entretenu la veille avec le
gouverneur du Texas Rick Perry. "Je suis très préoccupé par
l'ouragan Ike. C'est une énorme tempête qui se dirige vers un
centre de population majeur", a constaté le chef de la Maison
Blanche.
Quelque 1500 soldats américains se préparaient à répondre à
l'urgence et l'USS Nassau, un bâtiment de débarquement avec 45
hélicoptères et quatre avions, devait appareiller pour le golfe du
Mexique, selon le Pentagone.
ap/cab/cht
Un ouragan "majeur" en devenir
Selon le dernier relevé du Centre national des ouragans (NHC) de Miami à 14h locales (20h en Suisse) vendredi, Ike était classé en catégorie 2 sur une échelle de 5, avec des vents soutenus de 169km/h.
Mais le NHC annonçait qu'il pourrait toucher les côtes du Texas en catégorie 3, devenant un "ouragan majeur".
Le cyclone se trouvait à 265km au sud-est de Galveston (Texas) et se déplaçait vers l'ouest-nord-ouest à la vitesse de 19km/h.
Ike a déjà fait quatre morts et d'importants dégâts à Cuba. Les inondations qu'il a provoquées à Haïti ont elles coûté la vie à plus de 300 personnes.
Marché pétroliers et Nasa inquiets
Les marchés pétroliers et gaziers suivent avec la plus grande attention la progression de l'ouragan, craignant d'importants dégâts dans une région qui regroupe un cinquième des capacités en raffinerie des Etats-Unis.
Par précaution, de nombreuses raffineries ont été fermées, notamment dans la région de Houston, amputant les capacités de raffinage des Etats-Unis d'environ 12%, selon l'analyste Phil Flynn.
Huit raffineries ont déjà fermé ou réduit leurs activités, ce qui a fait grimper le prix de l'essence dans toute la région côtière. Le gallon d'essence (l'unité de mesure utilisée aux Etats-Unis, soit 3,8 litres) coûtait 4,85 dollars (3,41 euros), soit 1,28 dollars (0,90 euro) le litre.
A New York, les prix du pétrole du baril de pétrole sont tombés brièvement sous les 100 dollars vendredi, seuil sous lequel il était déjà passé à Londres mardi, malgré Ike. Il n'était plus passé sous ce seuil depuis le 1er avril dernier.
Le Centre de contrôle de la Nasa à Houston a de son côté a fermé jeudi, avec des conséquences pour les missions. La Nasa a indiqué qu'Ike avait retardé de plusieurs jours l'amarrage du cargo russe Progress à la Station spatiale internationale et rendait incertain le lancement de la navette prévu le 10 octobre.