Interrogé par le journaliste qui lui demande s'il estime que le président de la Russie "est un tueur", Joe Biden a acquiescé: "Oui, je le pense". "Vous verrez bientôt le prix qu'il va payer", a-t-il ajouté.
Au sujet des ingérences électorales de Moscou, qui selon un tout nouveau rapport des autorités américaines se sont reproduites en 2020, le président américain a également affirmé que Vladimir Poutine "en paierait les conséquences".
"Je vous connais et vous me connaissez"
"Nous avons eu une longue conversation lui et moi, je le connais assez bien", a expliqué le dirigeant démocrate, qui affiche une plus grande fermeté à l'égard du maître du Kremlin que son prédécesseur Donald Trump.
"Au début de la conversation, je lui ai dit: 'Je vous connais et vous me connaissez, si j'en viens à la conclusion que vous avez fait cela, soyez prêt'" pour les conséquences, a-t-il rapporté, sans préciser s'il faisait allusion aux ingérences ou aux autres faits reprochés côté américain à Moscou, notamment l'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny puis son incarcération.
Cyberattaque géante
Washington a déjà sanctionné, début mars, sept hauts responsables russes en réponse à l'empoisonnement de l'opposant, dont les services de renseignement américains attribuent la responsabilité à Moscou.
Le renseignement américain est aussi en train de mener un examen de différents autres faits qui seraient, selon les Etats-Unis, imputables à la Russie, dont une récente cyberattaque géante et le versement de primes à des talibans pour qu'ils tuent des soldats américains en Afghanistan.
afp/gma
Ambassadeur russe rappelé à Moscou
Dans un geste aussi rapide que spectaculaire, Moscou a annoncé sans tarder avoir rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis Anatoli Antonov "pour des consultations".
"Pour nous, l'essentiel est de déterminer quels peuvent être les moyens de rectifier les relations russo-américaines, qui sont dans un état difficile et que Washington a amené dans une impasse ces dernières années", a expliqué la diplomatie russe.
Elle a assuré pour autant vouloir "éviter leur dégradation irréversible", disant espérer que "les Américains sont conscients des risques".
Le président de la chambre basse du Parlement russe Viatcheslav Volodine avait auparavant reproché au président américain d'avoir "insulté" tous les Russes et "attaqué" son pays.
Semblant vouloir éviter l'escalade dans l'immédiat, le département d'Etat américain a pris acte du rappel de l'ambassadeur russe mais n'a pas souhaité dire s'il envisageait d'en faire autant.
Des propos révélateurs d'un nouvel état d'esprit
Interrogé jeudi dans La Matinale de la RTS, Bertrand Badie, professeur émérite de Relations internationales à Sciences-Po Paris, s'est interrogé sur la signification de cette désignation de Vladimir Poutine comme un "tueur".
Joe Biden "ne l'a pas explicitée, ce qui est un morceau de l'énigme", a-t-il constaté. "Très probablement, il s'agit de l'affaire Navalny, mais je pense que derrière des propos aussi flous se cache une désignation beaucoup plus générale. C'est une façon de résumer le mode de fonctionnement du système politique russe et le mode d'insertion de la Russie dans le système international".
Pour Bertrand Badie, il faut aussi et surtout y voir, en contrepoint, un retour des Etats-Unis vers la thématique d'un Occident solidaire autour de ses valeurs face à une Russie qui s'inspirerait du totalitarisme soviétique de la période de la Guerre froide. "En réalité, c'est ça le fond du problème".
Une nouvelle bourde?
Ce spécialiste des relations internationales estime qu'il n'est pas impossible que, dans la forme, les propos de Joe Biden aient dépassé ce qu'il voulait signifier. "Mais, le propre d'une bourde, c'est d'être révélateur, révélateur d'un nouvel état d'esprit. Je crois que c'est dans cette perspective qu'il faut interpréter ses propos. S'il a gaffé, il a peut-être aussi dévoilé le fond de sa pensée".