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Report du procès Bygmalion pour les dépenses excessives de la campagne Sarkozy

L'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, arrive pour le début du procès Bygmalion. Paris, le 17 mars 2021. [AFP - Martin Bureau]
Le procès Bygmalion s'ouvre mercredi à Paris / Le Journal horaire / 16 sec. / le 16 mars 2021
A peine ouvert à Paris, le procès des dépenses excessives de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 a été renvoyé mercredi au 20 mai, en raison de l'hospitalisation de l'avocat d'un des prévenus.

C'est la seconde fois en quinze jours que l'ex-président français se retrouve devant la justice. Le 1 mars, il était devenu le premier ex-président de la V République à être condamné à trois ans d'emprisonnement, dont un ferme, pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite "des écoutes".

Prévenu le plus attendu du procès, Nicolas Sarkozy ne s'est pas présenté à l'audience en raison de la demande de renvoi, a-t-il fait savoir.

A l'origine de la demande de renvoi, Jérôme Lavrilleux – à l'époque directeur adjoint de la campagne – dont l'avocat, M Christian Saint-Palais, est atteint du Covid-19 et hospitalisé: "Je n'ai jamais, au cours de cette instruction, voulu la retarder par un recours. Mais là, je suis désemparé", a expliqué, la voix nouée, Jérôme Lavrilleux.

Le procès, initialement prévu du 17 mars au 15 avril, se tiendra jusqu'au 22 juin, a décidé le tribunal.

Jérôme Lavrilleux est un protagoniste central de cette affaire qui a causé des déflagrations en cascade à droite, et le premier à avoir avoué sa participation à une vaste escroquerie à base de fausses factures, visant à attribuer au parti UMP – devenu depuis Les Républicains – les dépenses excessives de la campagne Sarkozy.

Nicolas Sarkozy absent

A l'audience, l'avocat historique de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, a fait passer au tribunal un courrier expliquant que son client avait été "informé de la demande de renvoi" et, de ce fait, "n'entendait pas être présent".

Nicolas Sarkozy encourt dans le dossier Bygmalion – du nom de l'agence de communication liée à l'UMP – un an d'emprisonnement et 3750 euros d'amende – soit 4141 francs.

Contrairement à ses 13 co-prévenus – anciens cadres de Bygmalion et de l'UMP, experts-comptables – renvoyés notamment pour escroquerie ou complicité, Nicolas Sarkozy n'est pas mis en cause pour le système de fausses factures imaginé pour masquer les dépenses excessives de sa campagne.

Mais, selon l'accusation, Nicolas Sarkozy a laissé filer les dépenses malgré plusieurs alertes claires sur les risques de dépassement de plafond et il a "incontestablement" bénéficié de la fraude qui lui a permis de disposer de "moyens bien supérieurs" à ce qu'autorisait la loi: au moins 42,8 millions au total, soit près du double du plafond légal à l'époque (22,5 millions d'euros).

La machine s'est emballée

L'enquête décrit une campagne qui se voulait d'abord "éclair" pour le président sortant – seuls une quinzaine de meetings prévus, dont trois ou quatre grands rassemblements.

Mais la machine s'emballe: "moyens techniques les plus en pointe" pour la scène, le son et l'éclairage, "mise en scène grandiose et millimétrée" pour les grands meetings... les prix n'en finissent plus de grimper.

Et alors que les premières alertes de risques de dépassement tombent, le candidat demande au contraire qu'on accélère le rythme. Il y aura au total plus de quarante meetings.

Pour éviter au candidat de devoir reconnaître publiquement que ses dépenses avaient dérivé "de manière spectaculaire", "avec les conséquences politiques et financières" qui s'en seraient suivies, il a été décidé de "purger" le compte de campagne, soutient l'accusation.

Grâce à un système de double facturation, le prix des meetings est drastiquement réduit et le reste est facturé à l'UMP, au nom de conventions fictives du parti.

>> Lire : Alain Duhamel: "L'ambition de Nicolas Sarkozy est de peser en 2022"

afp/sjaq

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Guerre fratricide à droite

Le procès risque de rallumer une guerre fratricide au sein de la droite française, le camp sarkozyste et les proches de Jean-François Copé, alors patron de l'UMP, se rejetant mutuellement la responsabilité de la fraude.

Jamais mis en cause, Jean-François Copé sera entendu au procès comme simple témoin. Certains avocats dont celui de Nicolas Sarkozy n'ont pas manqué mercredi de l'égratigner en laissant entendre que l'ancien secrétaire général de l'UMP était forcément au courant des comptes calamiteux de son parti.

"Je continue à me demander où est passé l'argent", avait dit Nicolas Sarkozy devant les enquêteurs, estimant que le prix moyen de ses meetings était "en ligne" avec ceux de son opposant François Hollande, qui a remporté l'élection en 2012.