Cette passe d'armes verbale semble précipiter la relation américano-russe dans une nouvelle spirale de tensions alors que, malgré leurs multiples désaccords, les deux puissances disaient, depuis le changement d'administration américaine, vouloir coopérer sur des dossiers d'intérêts communs.
"C'est celui qui le dit qui l'est!"
"C'est celui qui le dit qui l'est!", a lâché Vladimir Poutine selon des propos retransmis à la télévision russe: "Ce n'est pas juste une expression enfantine, nous voyons toujours en l'autre nos propres caractéristiques".
La veille, Joe Biden avait répondu par l'affirmative à un journaliste lui demandant si le maître du Kremlin était "un tueur". Des propos qu'il ne regrette pas, a indiqué jeudi sa porte-parole Jen Psaki.
Discussion "en direct" proposée
"Nous défendrons nos propres intérêts et nous travaillerons avec les Américains aux conditions qui nous seront avantageuses", a insisté Vladimir Poutine. Dans la soirée, il est revenu sur ces échanges pour proposer à son homologue "une discussion en direct" diffusée en ligne ou à la télévision vendredi ou lundi.
"Cela serait intéressant pour le peuple russe, le peuple américain et pour beaucoup d'autres pays", a-t-il déclaré à la télévision. La Maison Blanche n'a pas répondu dans l'immédiat, Jen Psaki indiquant seulement que Joe Biden voyage vendredi et est "très occupé".
Remarques inacceptables
Au-delà de ces piques, Moscou a fait savoir que les remarques de Joe Biden étaient inacceptables à ses yeux. Fait inédit depuis 1998, l'ambassadeur russe aux Etats-Unis a été rappelé pour des consultations sur les relations russo-américaines, plongées dans "l'impasse".
Dans son entretien mercredi à la chaîne ABC, Joe Biden avait plus globalement tapé du poing sur la table face au dirigeant russe, disant vouloir lui faire "payer" l'ingérence dans les élections américaines de 2016 et 2020, que Moscou dément.
>> Lire aussi : Joe Biden estime que Vladimir Poutine est "un tueur" et qu'il "va payer"
afp/jpr
Relations délétères depuis des années
Les relations russo-américaines et plus généralement russo-occidentales sont délétères depuis des années: annexion de la Crimée, guerre en Ukraine, conflit en Syrie ou l'empoisonnement puis l'emprisonnement de l'opposant Alexeï Navalny...
De multiples sanctions et contre-sanctions ont été adoptées en conséquence. Washington a annoncé mercredi encore qu'il étendait les restrictions d'exportation de produits sensibles vers la Russie, et menacé jeudi de sanctions "toutes les entités impliquées" dans le projet controversé de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne.
Le G7 a lui de nouveau dénoncé "l'occupation" de la Crimée. Jeudi, Vladimir Poutine s'est justement adressé à Joe Biden durant des évènements célébrant l'annexion de la péninsule ukrainienne en mars 2014. Le président américain affiche depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier une grande fermeté à l'égard du Kremlin, contrastant avec la bienveillance souvent reprochée à son prédécesseur Donald Trump.