"L’humilité est importante car nous reconnaissons qu’aucun pays au monde n’a trouvé la solution magique", affirme samedi dans le 19h30 Mark Cassayre, chef de la Mission américaine auprès de l’ONU à Genève. Une authenticité certaine colore ses mots. Son accent n’est pas typiquement américain, mais plutôt vaudois, car c’est à Lausanne qu’il a appris le français avant d’obtenir un master à l’Institut des hautes études internationales à Genève.
"Il est important de reconnaître que nous, comme tout pays, avons nos défis, nos problèmes et notre histoire", ajoute-t-il.
Les Etats-Unis rattrapés par leur histoire
Les Etats-Unis, précisément, sont rattrapés par leur histoire. La menace de "l'extrémisme blanc" pour la démocratie, incarnée par l’assaut contre le Capitole le 6 janvier, et la brutalité policière mortelle contre les Afro-Américains comme George Floyd ont remis la question du "racisme systémique" du pays au centre de l'attention.
Cela n’a pas échappé aux adversaires de l’Oncle Sam. La Chine, elle-même accusée par certains pays et ONG de génocide culturel et crime contre l'humanité à l'encontre de la minorité ouïghoure, affirme que les Etats-Unis massacrent ses populations noires.
Le diplomate de carrière qu’est Mark Cassayre le sait, il n'est plus question de jouer au gendarme du monde. "Avec notre approche plus transparente, nous trouvons qu'il est plus facile d’engager l’attention et l'écoute de notre interlocuteur."
Un pays qui veut devenir un exemple
Ce dialogue passe par l’introspection: cette semaine, la mission américaine et l’Institut des Hautes études internationales et du développement a organisé une conférence virtuelle sur le thème du racisme. L’une des participantes, Opal Tometi, co-fondatrice de Black Lives Matter, a martelé : "La politique étrangère ne doit pas être qu’une façade, mais la projection de ce qui se passe réellement à l'intérieur de ce pays."
Après l’ère Donald Trump, qui a vu le retrait brutal des Etats-Unis du Conseil des Droits de l’homme, les Etats-Unis briguent par ailleurs à nouveau un siège dans l’institution. Le pays a réussi lors de la dernière session à rallier plus de 150 pays autour d’une déclaration commune contre le racisme, une réussite pour un pays qui n’a pour l'heure que le statut d’observateur.
Les Etats-Unis veulent servir d'exemple. Les diplomates à Genève et à travers le monde ont les yeux fixés sur Washington dans l'attente que les paroles de l'administration soient suivies d'une amélioration tangible du sort des minorités, après un florilège de décrets présidentiels signés par Joe Biden pour promouvoir l’égalité, l’inclusion et la diversité.
Laurent Burkhalter