La chaîne Canal+ aurait censuré un documentaire sur le sexisme dans le milieu du sport
Diffusé dimanche sur Canal+, le documentaire "Je ne suis pas une salope, je suis une journaliste" retrace plus de 40 ans de lutte pour la parité dans ce secteur très masculin, entre regards condescendants, remarques sur le physique voire harcèlement.
Il est réalisé par Guillaume Priou ainsi que par l'ancienne journaliste de la chaîne Marie Portolano, récemment partie à M6.
Mais selon le média en ligne Les Jours, des passages mettant en cause le journaliste sportif Pierre Ménès dans deux affaires d'agressions sexuelles auraient été coupés de la version finale.
Confrontation gênante
Lors de la centième émission du Canal Football Club en 2011, Pierre Ménès avait embrassé de force sur la bouche la journaliste Isabelle Moreau, une scène visible sur les réseaux sociaux. Or, selon Les Jours, dans la version initiale du documentaire, Marie Portolano montre ces images à Isabelle Moreau sur une tablette, qui, les revoyant, fond en larmes.
Cette séquence aurait été coupée à "la demande de la direction des sports de Canal+", affirme le site, de même qu'un autre passage où Pierre Ménès était lui-même confronté à cette scène, ainsi qu'à une autre atteinte sexuelle commise sur la réalisatrice elle-même.
En effet, selon Les Jours, Marie Portolano aurait elle-même été victime d'agression sexuelle de la part de Pierre Ménès. En août 2016, à la fin d'une émission du "Canal Football Club", le chroniqueur lui aurait soulevé sa jupe avant de lui attraper les fesses, "hors antenne mais face au public", affirme le site.
Système masculin, humiliations et impunité
Réagissant auprès des Jours, Pierre Ménès a déclaré :"Moi, si ma direction n'a rien à dire, je n'ai rien à dire non plus. Surtout si c'est pour m'accuser de conneries et de merde".
Dans l'un des passage censurés du documentaire, un autre présentateur de Canal Football Club, Hervé Mathoux, regrette quant à lui de ne pas avoir réagi.
De nombreuses journalistes ont témoigné au micro de la réalisatrice, et même au-delà. Ainsi, la journaliste sportive et ancienne présentatrice de TF1 Charlotte Namura, qui explique dans le film n'avoir jamais été conviée aux réunions de préparation de "Téléfoot" qu’elle co-présentait, a évoqué sur Twitter des faits plus graves encore, qui auraient provoqué son départ de la chaîne.
Lundi, les réactions indignées aux révélations des Jours pleuvaient sur les réseaux sociaux avec notamment plus de 16'000 tweets sous le hashtag #PierreMenesOut. Une autre vidéo montrant le chroniqueur embrasser de force la chroniqueuse Francesca Antoniotti dans l'émission "Touche pas à mon sport" sur D8 en 2016 a également été exhumée.
D'aucuns dénoncent le "deux poids, deux mesures" du groupe dirigé par Vincent Bolloré, lequel s'est récemment montré moins protecteur vis-à-vis d'autres salariés de ses chaînes. Marie Portolano avait elle-même quitté Canal+ après avoir notamment affiché son soutien à l'animateur Sébastien Thoen, licencié fin 2020 pour avoir participé à une parodie d'une émission du groupe.
jop avec ats