Relativement petite et paisible, et accessible en une heure et demie de marche depuis une route voisine, l'éruption entamée vendredi soir à une quarantaine de kilomètres de la capitale islandaise semble aussi bien le fruit de mère Nature que d'un office du tourisme en quête d'une nouvelle attraction.
La lave qui s'écoule depuis quelques jours dans le bassin de Geldingadalur, près de la capitale Reykjavik, recouvre environ 15 hectares, selon les estimations des scientifiques.
Un petit cône d'une trentaine de mètres de hauteur a remplacé ce qui était à l'origine, vendredi soir, une simple fissure fendant le sol d'une petite vallée inhabitée.
Le magma rougeâtre incandescent fraîchement expulsé des entrailles de la Terre dégouline jusqu'aux pieds de centaines de curieux massés devant le volcan Fagradalsfjall.
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À quasiment 1000 degrés, la lave réchauffe d'un coup les environs immédiats. Les aventuriers les plus prévoyants font même griller du bacon, des hot-dogs ou des marshmallows.
En refroidissant, la lave noircit et prend sa couleur basaltique typique des paysages islandais.
Les secouristes et policiers veillent
Régulièrement au passage des secouristes, le bip incessant des équipements de mesure des émissions de gaz se fait entendre.
"Nous surveillons juste que les gens ne vont pas trop près de la lave et on leur demande de reculer si besoin", explique Atli Gunnarsson, un policier de 45 ans, casque jaune sur la tête et masque à gaz à portée de main.
Lundi matin, en raison d'un niveau dangereux de gaz toxique, l'accès avait été provisoirement suspendu par la police.
Les secours ont également dû aider des dizaines de personnes épuisées et frigorifiées qui avaient du mal à retrouver le chemin du retour dans la nuit.
Si la majorité des visiteurs choisissent l'option randonnée, quelques privilégies s'offrent un tour d'hélicoptère et profitent d'un décor aussi unique que rare.
Le spectacle ne devrait toutefois pas durer très longtemps puisque les vulcanologues s'attendent à ce que l'éruption s'arrête au bout de quelques jours.
Jérémie Richard/iar avec afp
Visites des sites en éruption rares
Dans la péninsule de Reykjanes où s'est produite l'éruption, voilà plus de 800 ans que la lave n'avait pas coulé, et près de neuf siècles dans ce système volcanique de Krysuvik.
Si les éruptions en Islande sont fréquentes - une tous les cinq ans en moyenne - elles ont souvent lieu loin des villes, voire dans des zones très inaccessibles. D'autres sont trop dangereuses pour que l'accès soit autorisé.
Dimanche, le flot de promeneurs avait déjà bien marqué un net chemin à travers la mousse volcanique jusqu'à la vallée de Geldingadalur.