"Nous avons libéré aujourd'hui 360 hommes et 268 femmes de la prison d'Insein" à Rangoun, a déclaré un haut responsable de l'établissement pénitentiaire sous couvert d'anonymat. Parmi eux, beaucoup d'étudiants descendus dans la rue pour protester contre le passage en force de l'armée.
Responsables politiques, grévistes, activistes, artistes: les généraux détiennent encore de nombreux civils: plus de 2800 ont été interpellés depuis le putsch qui a renversé Aung San Suu Kyi, d'après l'Association d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP).
Audience reportée
L'ex-dirigeante de 75 ans devait comparaître mercredi devant la justice. Mais l'audience, qui devait se tenir en vidéoconférence, n'a pas pu avoir lieu faute de connexion Internet, les données mobiles et plusieurs réseaux wi-fi étant coupés depuis plusieurs jours pour isoler le pays.
"Elle a été reportée au 1er avril", a fait savoir Khin Maung Zaw, l'avocat de l'ancienne cheffe du gouvernement qui n'a toujours pas été autorisé à rencontrer sa cliente.
Riposte intensifiée
Pour tenter d'éteindre le vent de fronde démocratique qui souffle sur le pays depuis le 1er février, les militaires intensifient chaque jour leur riposte. De plus en plus de civils qui ne participent pas à la contestation, dont des femmes et des enfants, sont visés.
Au total, 275 civils ont péri, selon l'AAPP. Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd: des centaines de personnes arrêtées sont portées disparues.
Mardi, le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, a fait pour sa part état de 164 victimes dans les rangs des protestataires, qualifiés de "violents terroristes". Il s'est dit déterminé à "réprimer l'anarchie", faisant fi des nouvelles sanctions imposées par les Etats-Unis et l'Union européenne.
L'étau judiciaire se resserre
L'armée resserre son étau judiciaire sur Aung San Suu Kyi, mise au secret depuis son arrestation. Deux hommes se sont confessés dans des vidéos diffusées ces derniers jours par les médias d'Etat, assurant lui avoir versé à eux deux plus d'un million de dollars et onze kilos d'or de pots-de-vin.
Des observateurs s'interrogent sur l'authenticité de ces témoignages: l'un des témoins est emprisonné, l'autre a un passé trouble.
afp/jpr
Photographe d'Associated Press relâché
Le photographe birman d'Associated Press, arrêté fin février alors qu'il couvrait des manifestations contre la junte, a été relâché mercredi, a-t-il annoncé.
"Je suis en bonne santé", a déclaré Thein Zaw. "Les charges contre moi ont été levées", a ajouté le jeune homme, auparavant accusé d'avoir "répandu de fausses nouvelles". Peu de temps avant sa sortie de prison, l'agence de presse américaine avait annoncé qu'il serait libéré dans la journée.