Plus de 400'000 réfugiés de deux camps au Kenya menacés d'expulsion
Le ministère de l'Intérieur kenyan a demandé au HCR, l'agence des Nations unies en charge des réfugiés, de lui proposer d'ici 14 jours une feuille de route précise pour la fermeture des camps de Kakuma et de Dadaab, ouverts respectivement il y a 29 et 30 ans, selon une source au sein du ministère.
Quelque 190'000 personnes, majoritairement venues du Soudan du Sud, vivent à Kakuma, à l'extrême nord-ouest du Kenya. Quant à Dadaab, situé au nord-est près de la Somalie, il accueille près de 250'000 réfugiés, essentiellement des Somaliens qui ont fui leur pays après le début de la guerre civile en 1991.
Impact sur la protection des réfugiés
Le HCR, qui gère les deux camps, a indiqué que les autorités kényanes l'avaient informé de leur intention de fermer les camps "à brève échéance", même si aucune date n'a été publiquement proposée pour ces fermetures. "Cette décision aurait un impact sur la protection des réfugiés au Kenya, notamment dans le contexte de l'actuelle pandémie de Covid-19", s'inquiète mercredi le HCR dans un communiqué. Il dit continuer son dialogue avec les autorités kényanes et exhorte le gouvernement à s'assurer que toute décision permette de trouver des solutions adaptées et soutenables.
Le ministre de l'Intérieur kenyan Fred Matiang'i a cependant déclaré qu'il n'y avait "pas de place pour des négociations supplémentaires" à ce sujet, selon un communiqué publié par son ministère sur Twitter.
Lieu de recrutement terroriste?
Ces dernières années, le gouvernement kenyan a plusieurs fois menacé de fermer Dadaab, notamment en 2016. L'année suivante, la Haute Cour de justice avait toutefois jugé ce projet anticonstitutionnel, arguant qu'il violait les engagements internationaux du Kenya et représentait une persécution à l'encontre des réfugiés. Une nouvelle tentative de fermeture avait eu lieu en 2019, deux mois après l'attaque du complexe hôtelier Dusit à Nairobi qui avait fait 21 morts, mais cette intention n'avait pas été suivie d'effet.
>> Lire à ce sujet : La justice kényane annule la fermeture du camp de réfugiés de Dadaab
Le Kenya présente Kakuma et Dadaab comme un risque pour sa sécurité et comme un terrain de recrutement pour les militants islamistes somaliens shebab. Les autorités kényanes ont notamment affirmé, sans fournir de preuves, que les attaques contre le centre commercial Westgate de Nairobi en 2013 et l'université de Garissa en 2015 ont été organisées depuis Dadaab.
ats/vic