Enseignes boudées, produits retirés des nombreux sites de vente en ligne chinois, c'est tout d'abord H&M qui s'est retrouvé dans la tourmente. La marque de prêt-à-porter suédoise subit un puissant appel au boycott après sa décision, en septembre 2020, de cesser ses achats de coton aux producteurs du Xinjiang en raison des accusations de travail forcé et de discrimination des minorités.
C'est ensuite Nike qui a été critiqué pour un communiqué dans lequel le géant américain des articles sportifs se disait "préoccupé" par des études faisant état de travail forcé et s'était engagé à ne pas acheter de coton provenant de cette région, un zone majeure de la production mondiale.
La polémique a enflé jeudi avec l'annonce par plusieurs acteurs et chanteurs chinois qu'ils coupaient tout lien avec Nike, Adidas, Uniqlo, Converse ou encore Calvin Klein, dont ils ou elles étaient les ambassadeurs d'image.
Vaste offensive de Pékin contre les critiques occidentales
Ces entreprises font les frais d’une vaste offensive de Pékin contre les critiques occidentales. La Chine a en effet décidé d’attaquer durement, voire de sanctionner, tout reproche à son encontre au sujet de sa politique de répression au Xinjiang, cette région du nord-ouest du pays où Pékin a interné plus d’un million de membres des minorités ethniques musulmanes.
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La ligue de la jeunesse communiste chinoise, proche du pouvoir, a ainsi lancé ces appels au boycott en déterrant des communiqués de Nike et H&M vieux de plusieurs mois. "Vous voulez gagner de l’argent en Chine tout en répandant de fausses rumeurs et en boycottant le coton du Xinjiang ? Vous rêvez": le commentaire cinglant de la ligue tourne depuis sur les réseaux sociaux.
"Les intérêts du pays passent avant tout", a de son côté indiqué l'actrice Tan Songyun pour mettre fin à son partenariat avec Nike, se disant "fermement opposée à toutes les actions malveillantes visant à salir" la Chine.
Interrogé sur le fait de savoir si Pékin orchestrait toute cette polémique, le ministère des Affaires étrangères a démenti toute responsabilité. "Le marché chinois est ce qu'il est. Nous n'avons nul besoin de nous lancer dans des intimidations" contre ces entreprises, a indiqué une porte-parole, avant d'ajouter: "Une chose est toutefois certaine: les Chinois n'autoriseront probablement pas des étrangers à profiter des largesses de la Chine tout en la critiquant."
Camps de travail forcé ou centres de formation professionnelle
Le Xinjiang a longtemps été frappé par des attentats attribués à des séparatistes ou des islamistes ouïghours. Les autorités y imposent depuis quelques années une surveillance policière draconienne.
Selon des études d'instituts américains et australien, au moins un million de Ouïghours ont été internés dans des "camps" et certains soumis à du "travail forcé", notamment dans des champs de coton de la région.
La Chine dément catégoriquement et affirme que ces rapports sont biaisés. Elle assure que les "camps" sont des "centres de formation professionnelle" destinés à apporter un emploi à la population pour l'éloigner de l'extrémisme.
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boi avec mp et afp