Une véritable course contre la montre version XXL a été lancée pour rétablir la circulation dans le Canal de Suez après l’échouement d'un géant des mers, l’Ever Given (lire encadré).
Cette artère, l'un des plus grosses du commerce mondial avec 12% de la circulation globale, est traversée quotidiennement par 50 navires (19'000 sur l'année).
Direction le cap de Bonne-Espérance
Tout passage étant impossible désormais, les tradeurs de Tokyo ou Singapour sont en train de réacheminer leurs bateaux. Le nombre de cargos qui se déroutent en direction du cap de Bonne-Espérance, à la pointe sud de l'Afrique, grandit d’heure en heure.
Ainsi l’Ever Greet, parti de Malaisie pour l’Europe, ou le Hyundai Prestige qui fait route de Southampton vers la Thaïlande, ont tous deux choisi de passer par l’Afrique du Sud. Cela représente 25 jours de trajet supplémentaires pour le Hyundai Prestige.
Toute la chaîne impactée
Mais il ne suffit pas de changer de route et d’avertir les clients qu’ils recevront la marchandise un mois plus tard. Chaque jour de retard signifie des problèmes dans toute la chaîne d’approvisionnement.
Un navire comptabilisant plusieurs jours de retard ne pourra pas être déchargé puis rechargé à temps pour effectuer le voyage de retour prévu. Résultat: les transporteurs vont annuler des voyages, ce qui limitera les capacités et fera grimper les prix du fret.
Le prix d'un canal de Suez par jour
La Lloyd’s, spécialisée dans l’assurance de bateaux, estime que chaque jour de blocage du transit par l’Ever Given coûtera 5 milliards de dollars au commerce de marchandises. C'est exactement le montant investi pour construire le nouveau canal de Suez, inauguré par l'Egypte en 2015.
Frédéric Mamaïs/oang
Peut-être des semaines de blocage
Les efforts se poursuivaient vendredi pour dégager le porte-conteneur de 400 mètres de long coincé depuis quatre jours en travers de cette voie cruciale pour le fret maritime, durement affecté.
La société mandatée pour le "sauvetage" de l'Ever Given s'est montrée prudente, évoquant "des jours, voire des semaines" pour la reprise du trafic sur le canal.
Une opération visant à renflouer ce géant des mers d'une longueur équivalente à quatre terrains de football "n'a pas réussi" vendredi, a indiqué la Bernhard Schulte Shipmanagement (BSM), compagnie basée à Singapour qui assure la gestion technique du navire.
Deux remorqueurs supplémentaires de 220 à 240 tonnes sont attendus d'ici dimanche pour aider à la remise à flot du navire. Une importante marée haute, prévue en début de semaine prochaine, pourrait aider les équipes techniques.