Il est décédé samedi des suites de ses blessures après que sa
voiture a quitté la route et effectué plusieurs tonneaux alors
qu'il rentrait chez lui aux premières heures du jour, selon la
police (lire ci-contre).
Marié et père de deux filles, le bouillant dirigeant politique,
toujours bronzé, venait de réussir à hisser son parti de l'Alliance
pour l'avenir de l'Autriche (BZÖ) à la quatrième place de
l'échiquier politique du pays lors des élections du 28
septembre.
Succès politique
Il avait ainsi contribué avec le BZÖ, aux côtés de son ex-parti
FPÖ issu d'une formation d'anciens nazis et dont il a fait scission
en 2005, à la forte poussée de l'extrême droite en Autriche au
détriment des deux grands partis, sociaux-démocrates (SPÖ) et
conservateurs (ÖVP), et des Verts relégués, eux, au 5e rang.
Alors que la population de l'Autriche, entrée dans l'UE le 1er
janvier 1995, reste l'une des plus eurosceptiques des 27 actuels
Etats membres, la campagne électorale de Haider sur "l'intolérable
perte de l'indépendance et de la liberté d'action" de Vienne au
profit de Bruxelles a largement porté ses fruits.
Discours dur sur l'immigration
Outre son attachement à un
référendum sur toutes les grandes décisions européennes risquant
d'influencer l'autonomie autrichienne, il a également remporté des
points avec ses discours peu ambigus sur l'immigration avec son
slogan "l'Autriche aux Autrichiens" et en se référant
essentiellement à son action comme gouverneur de la Carinthie,
poste qu'il détenait depuis 1999.
La campagne électorale de 2008 aura pourtant été la plus modérée
de la carrière de Jörg Haider connu dans les années 1990 pour ses
dérapages pro-nazis ou antisémites.
Il avait finalement préféré concentrer son discours sur la lutte
contre les privilèges et la gabegie dans les hautes sphères du
pouvoir à Vienne et Bruxelles et la lutte contre la vie chère.
La polémique de 2000
A l'étranger, on se souvient surtout de l'épisode de 2000
lorsque l'Autriche fut mise au ban des nations européennes après
l'entrée du parti d'extrême droite de Haider dans une coalition
gouvernementale avec les conservateurs de Wolfgang Schüssel.
Les deux partis avaient tous deux remporté un peu plus de 29% des
voix juste derrière les sociaux-démocrates. Comme à l'époque,
Haider, trop controversé pour rentrer au gouvernement en 2000,
avait également annoncé récemment qu'il ne briguerait pas de poste
de ministre fédéral en cas de nouvelle coalition avec l'extrême
droite.
Le chef des sociaux-démocrates, Werner Faymann, chargé de former
le nouveau gouvernement autrichien a, lui, catégoriquement exclu
toute alliance avec l'extrême droite.
afp/nr
C'est la consternation en Autriche
La mort dans un accident de voiture samedi du dirigeant populiste autrichien Jörg Haider a provoqué la consternation dans la classe politique du pays. De tous bords, on a déploré la disparition d'un homme politique «d'exception» qui en a profondément marqué le paysage politique.
Evoquant une «tragédie humaine», le président de la République Heinz Fischer a salué la mémoire d'un «homme politique de grand talent», qui a su «susciter l'enthousiasme mais aussi de fermes critiques».
Le chancelier social-démocrate sortant Alfred Gusenbauer a fait part de son affliction et relevé que M.Haider, 58 ans, avait «marqué la vie politique autrichienne sur plusieurs décennies».
Le nouveau dirigeant social-démocrate Werner Faymann, qui a été chargé de former un gouvernement après sa victoire aux élections législatives du 28 septembre, a pour sa part évoqué un «homme politique d'exception» dont la disparition le touchait «profondément».
L'ancien chancelier ÖVP Wolfgang Schüssel, qui avait formé de 2000 à 2007 une coalition de gouvernement controversée avec le parti de M.Haider, a pour sa part salué «un homme politique extrêmement doué», qui vivait son métier «dans sa chair et dans son âme», «savait écouter et se sentait lié aux gens».
Il roulait trop vite
Une vitesse excessive est à l'origine de l'accident de la route qui a coûté la vie samedi au dirigeant populiste autrichien Jörg Haider, selon les premiers éléments de l'enquête.
Victime de graves blessures à la tête, à la poitrine et à la colonne vertébrale, M. Haider, qui était seul à bord et portait sa ceinture de sécurité, est décédé au cours de son transport à l'hôpital de Klagenfurt, a indiqué le directeur de l'établissement,
Son véhicule, une Volkswagen Phaeton de fonction, a quitté la route pour une raison indéterminée, heurtant un poteau de clôture en béton et une bouche d'incendie avant de faire plusieurs tonneaux, selon la police. Les secours ont été immédiatement prévenus par une automobiliste que M. Haider avait doublée peu auparavant.
Selon le porte-parole Stefan Petzner, le dirigeant quittait Klagenfurt pour se rendre dans sa propriété de Bärental, à une trentaine de kilomètres au sud, où il voulait célébrer le 90e anniversaire de sa mère.