La Libye tente de s'extraire d'une décennie de conflit, depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, un chaos marqué par l'existence ces dernières années de pouvoirs rivaux, en Tripolitaine (ouest) et Cyrénaïque (est).
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Le nouveau gouvernement libyen est né d'un processus onusien mis sur orbite en février à Genève avant un vote de confiance "historique" du Parlement ce début de mois. Composé du gouvernement du Premier ministre Abdelhamid Dbeibah et d'un conseil présidentiel, l'exécutif unifié doit permettre de clore le chapitre sanglant des divisions. Il doit mener la transition en Libye jusqu'à des élections nationales prévues le 24 décembre.
"La réalité est que le pays est extrêmement divisé"
Sur le terrain, la situation demeure cependant toujours très tendue. "C'est impressionnant de voir le fossé entre les communiqués de presse de l'ONU et la réalité libyenne", explique dans Forum Maurine Mercier, envoyée spéciale de la RTS en Libye.
"La réalité est que le pays est extrêmement divisé: le principal axe routier qui relie l'est et l'ouest du pays est toujours fermé. D'un côté comme de l'autre, des groupes armés se font face. Il y a peut-être une réconciliation politique, mais la réalité c'est que d'un point de vue militaire - et c'est ce qui importe - absolument rien n'a bougé pour l'instant."
Appels au retrait des mercenaires
Le nouveau gouvernement libyen appelait jeudi au retrait "immédiat" de l'ensemble des mercenaires présents dans ce pays. L'appel a été relayé par la France, l'Allemagne et l'Italie, dont les ministres des affaires étrangères s'étaient déplacés à Tripoli.
L'ONU avait évalué en décembre à environ 20'000 le nombre de militaires étrangers et de mercenaires actifs en Libye. Exigé par les Nations unis notamment, leur retrait apparaît comme essentiel à la pacification de ce pays d'Afrique du Nord.
"Sur place c'est clair pour tout le monde. Ce qui empêche la réunification du pays, ce sont les mercenaires étrangers que la Russie et la Turquie ont envoyés pour renforcer leur camp. Ces deux pays - mais bien d'autres aussi - se font une guerre par procuration sur le sol libyen", explique Maurine Mercier.
"Les Libyens veulent la paix et avoir un seul pays, ils n'en peuvent plus des guerres. Même la plupart des groupes armés veulent la paix. Mais ils savent que leur destin n'est plus entre leurs mains."
Interview radio: Mehmet Gultas
Texte web: Antoine Schaub avec afp