"Les Russes devaient être partis des zones adjacentes, ils le
sont (...) Ils ont respecté leurs promesses", a dit Bernard
Kouchner, lors d'une visite dans le village géorgien d'Ergneti,
proche de l'Ossétie du Sud.
Le président russe Dmitri Medvedev a lui aussi déclaré que son
pays avait "rempli tous ses engagements" liés à l'accord de cessez
le-feu entre Tbilissi et Moscou conclu sous l'égide de la
présidence française de l'Union européenne.
"Respect partiel"
Prié par les journalistes l'accompagnant de dire s'il pensait
que la Russie honorait les termes de l'accord, Bernard Kouchner a
répondu: "Je pense que oui, mais partiellement". Il a dit avoir
connaissance de poches de territoire contestées et a reconnu que
les forces russes n'étaient "pas encore" revenues sur les lignes
antérieures au conflit avec la Géorgie, le 8 août. "Ce n'est pas la
même étape", a-t-il toutefois souligné.
A une journaliste qui soulignait que le retrait des soldats russes
sur leurs positions antérieures au début des hostilités était prévu
dans l'accord du 8 septembre, Bernard Kouchner a répondu: "Les
phrases, c'est quelque chose, la réalité, ça en est une autre".
"Rien n'est parfait, c'est un long chemin", a-t-il martelé.
"Nous sommes au début du processus, un long processus qui se fera
étape par étape. Il faut que les discussions commencent et il ne
faut relâcher ni la pression, ni l'intérêt international".
Diplomatie européenne satisfaite
A Bruxelles, le diplomate en chef de l'Union européenne Javier
Solana a confirmé le retrait russe. Il a dit espérer que ce
redéploiement "permettra (...) aux personnes déplacées de retrouver
leurs foyers et de contribuer à normaliser les conditions de
vie".
S'exprimant devant la presse à Genève, le Haut Commissaire de
l'ONU pour les réfugiés Antonio Guterres s'est lui aussi déclaré
plus optimiste quant au retour des déplacés en Géorgie. Il a espéré
que les discussions prévues la semaine prochaine dans la Cité de
Calvin pourront faire des progrès.
Bernard Kouchner rendra compte lundi des conclusions de son voyage
à ses collègues européens. Ceux-ci doivent décider s'il y a lieu de
reprendre les pourparlers sur un partenariat stratégique avec
Moscou gelés après l'offensive russe en Géorgie. Dans les milieux
diplomatiques de Bruxelles, on note des divergences entre les
Vingt-Sept sur le type de signal à adresser à la Russie pour que
ces pourparlers puissent se poursuivre.
ats/mej
Réunion dès mercredi à Genève
Tous ces dossiers seront évoqués au cours des pourparlers sur la sécurité dans la région, qui doivent débuter mercredi prochain à Genève.
Bernard Kouchner a indiqué que les autorités sud-ossètes et abkhazes seraient "évidemment présentes" à Genève "pour parler des réfugiés".
"Mais elles ne seront pas présentes au début" des pourparlers, a précisé le chef de la diplomatie française.
"Pour nous, il est essentiel que dès le début et à tous les niveaux, nos partenaires d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud participent (aux discussions) parce que cela les concerne directement", a réaffirmé de son côté le président russe Dmitri Medvedev.
Petit rappel du début de l'affaire
Les forces russes sont entrées massivement dans les deux territoires séparatistes lors du conflit et Moscou qui a reconnu depuis leur indépendance, entend y maintenir 7600 hommes au total, soit au moins deux fois plus qu'au début de la guerre.
Elles sont aussi restées dans le district d'Akhalgori (Ossétie) et dans les gorges de Kodori (Abkhazie), qui étaient sous le contrôle de l'armée géorgienne avant le conflit.
Tbilissi veut le départ de toutes les forces russes de ces deux régions. Le président géorgien Mikheil Saakachvili, après un entretien avec Bernard Kouchner en fin de journée à Batoumi (ouest), a insisté sur le fait que "les Russes doivent se retirer de toute la Géorgie", régions séparatistes comprises.