Dans un communiqué publié sur l'un des sites de propagande de l'EI), le groupe djihadiste a déclaré avoir attaqué "des casernes militaires et des quartiers généraux du gouvernement".
Il a également annoncé avoir pris le "contrôle de la ville" et fait état de la mort de dizaines de militaires "de l'armée mozambicaine et de chrétiens, dont des ressortissants d'Etats croisés", en allusion à des pays occidentaux.
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Le ministère mozambicain de la Défense dénombrait dimanche des dizaines de morts parmi les habitants de Palma. Au moins une centaine de personnes restent portées disparues.
Exode massif
Le raid surprise lancé dans trois endroits de Palma aurait été en partie motivé par l'arrivée d'un bateau rempli de nourriture, selon plusieurs sources. Elle a en tout cas été déclenchée juste après l'arrivée de ce navire, rapportent des témoins qui ont depuis trouvé refuge en lieu sûr.
Selon eux, le chargement était destiné à alimenter les commerces de la ville mais aussi à distribuer de l'aide aux personnes déplacées, installées en grand nombre à Palma après avoir fui, déjà, des violences djihadistes dans leurs villages.
Depuis l'attaque, la petite ville de 75'000 habitants s'est transformée en ville fantôme, tandis que des milliers de civils continuent à fuir par tous les moyens.
Multiplication des attaques dans le pays
Les groupes armés, qui terrorisent cette région frontalière avec la Tanzanie depuis trois ans, sont montés en puissance cette dernière année et multiplient les attaques sanglantes.
Contrôlant le port stratégique de Mocimboa da Praia depuis août 2020, crucial pour l'arrivée du matériel nécessaire aux installations gazières, les djihadistes sont désormais maîtres d'une bonne partie de la zone côtière.
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afp/iar
Le site de Total assiégé
Lundi, de nombreuses organisations humanitaires et onusiennes se concertaient pour tenter d'aider les milliers de civils en rade, qui ont tout laissé derrière eux. Entre 6000 et 10'000 personnes se trouvaient à proximité ou à l'intérieur du site gazier voisin piloté par Total, selon une source participant aux opérations d'évacuation.
Elles sont arrivées par vagues, frappant à la porte du périmètre ultra-sécurisé de milliers d'hectares. Le géant énergétique, qui espérait une reprise rapide des travaux du construction du site censé être opérationnel en 2024, a annoncé leur suspension dans ce contexte.
Durant le week-end un ferry a transporté 1400 travailleurs et civils vers Pemba, capitale de la province pauvre et majoritairement musulmane de Cabo Delgado, à 200 km au sud. Pirogues et bateaux à voile traditionnels, chargés de réfugiés, continuaient à affluer au compte-gouttes sur la plage.
Inquiétude de la Suisse
Le Mozambique est l'un des pays prioritaires de la coopération au développement suisse. La Confédératon observe depuis quelque temps déjà avec inquiétude les développements dans la province de Cabo Delgado et leur impact sur la situation humanitaire, a indiqué lundi le Département fédéral des affaires étrangères.
La Suisse a débloqué 500'000 francs supplémentaires pour l'aide humanitaire à ce pays pour 2021. Elle examine actuellement avec les organisations partenaires sur place comment ces fonds seront utilisés. Un membre du Corps suisse d'aide humanitaire a en outre été envoyé ce mois-ci pour renforcer la représentation helvétique à Maputo.
L'ONU condamne "fermement" ces attaques
L'ONU condamne "fermement les attaques" attribuées à des groupes jihadistes dans la ville portuaire de Palma au Mozambique, a déclaré lundi son porte-parole, Stéphane Dujarric.
"Nous sommes profondément préoccupés par la situation toujours en évolution à Palma, où des attaques armées ont commencé le 24 mars, tuant des dizaines de personnes, dont certaines tentaient de fuir un hôtel où elles s'étaient réfugiées", a-t-il ajouté.
Quant aux Etats-Unis, ils "condamnent" l'attaque et sont "déterminés" à coopérer avec le gouvernement mozambicain pour lutter contre les jihadistes, a déclaré lundi le porte-parole du Pentagone, John Kirby.