Cette réforme imposée par le pouvoir communiste sans que le Parlement hongkongais n'ait son mot à dire s'inscrit dans le cadre de la reprise en main musclée de l'ex-colonie britannique par Pékin depuis l'immense mouvement de contestation de 2019.
Celle-ci a été marquée par l'entrée en vigueur l'été dernier d'une loi drastique sur la sécurité nationale, qui a entraîné l'arrestation des principaux leaders du mouvement pro-démocratie, puis par le report d'un an, au prétexte du coronavirus, des élections législatives où l'opposition espérait largement progresser.
A l'unanimité
Mardi, le président chinois Xi Jinping a promulgué la réforme du système électoral hongkongais qui avait été approuvée à l'unanimité par le comité permanent du parlement chinois.
Un des changements les plus radicaux est la création d'un comité qui devra évaluer le niveau de patriotisme de quiconque postule à un siège de député dans l'ex-colonie britannique, où les prochaines législatives sont prévues cette année.
"Le Comité pour la sécurité nationale et la police de la sécurité nationale prépareront des rapports sur chacun des candidats pour aider le processus de contrôle du comité de validation", a expliqué Tam Yiu-chung, le seul représentant de Hong Kong au sein de l'organe décisionnel suprême du Parlement chinois.
Le pouvoir chinois aura donc un rôle clé pour déterminer si tel ou tel candidat est un "patriote" digne de prétendre à siéger.
Le camp pro-Pékin satisfait
La réforme a été saluée par le camp pro-Pékin, qui proteste de longue date contre l'obstruction que menait légalement l'opposition pro-démocratie avant de démissionner en bloc en novembre pour protester contre l'éviction de quatre de leurs collègues.
Aux élections locales de novembre 2019, qui avaient eu lieu après des mois de manifestation contre les ingérences de la Chine, la population hongkongaise avait massivement plébiscité les candidats de l'opposition pro-démocratie.
afp/jpr
Contraire à des élections libres et justes
La réforme électorale devrait permettre d'étouffer l'opposition au Parlement, estiment des experts. "Ces amendements semblent contraires à l'esprit d'élections libres et justes, ce qui limitera la participation populaire au processus politique", a observé Chong Ja Ian, professeur associé de sciences politiques à l'Université nationale de Singapour.
"Donner à une force de police le pouvoir de décider qui participe à des élections n'est pas quelque chose qui se voit dans des systèmes généralement qualifiés de démocratiques."
Le principe de cette réforme électorale avait été condamné par certaines capitales occidentales. Londres s'était notamment insurgé de ce que Pékin ne respecte plus l'esprit de la déclaration sino-britannique qui avait présidé à la rétrocession.