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Au Portugal, l'intérieur du pays fait vivre les traditions anciennes pour Pâques

Procession de Pâques dans le village de Monsanto, au Portugal. [AP - Francisco Seco]
Au Portugal, l'intérieur du pays fait vivre les traditions anciennes pour Pâques / Tout un monde / 4 min. / le 1 avril 2021
Les Portugais et Portugaises célèbrent Pâques autant que Noël. Dans les villages de l'intérieur du pays, dans la région de la montagne d'Estrela, les traditions religieuses qui empruntent beaucoup aux rites ancestraux sont perpétuées tant bien que mal.

Dans un petit village du massif central du Portugal, à Barroca, la population s'affaire pour préparer Pâques. Elle tient à maintenir des traditions dont l'origine se perd parfois dans la nuit des temps.

La procession des pins, par exemple, emprunte de ferveur, a des origines païennes. Les villageois et villageoises parcourent les ruelles de Barroca en brandissant des branches de pins ornés de leurs fruits. Celles-ci sont ensuite bénies, puis brûlées sur le parvis de l'église.

"On fait des lanières avec une sorte de jonc et on attache les pommes de pin sur les branches", explique le sacristain Manuel, qui dit être inspiré par les anciens. Les branches qui brûlent rappellent l'arrestation du Christ au Mont des Oliviers et "le bûcher à la fin symbolise le moment où Pilate renie le Christ dans son palais".

Pâques, c'est le symbole de la foi. Mais il n'y a plus de jeunes dans la procession

Maria De Jesus

Manuel garde précieusement avec lui un livre de 1718 qui mentionne la procession. Cette dernière serait néanmoins plus ancienne, ses origines pouvant être païennes en raison du symbole de la purification par le feu.

Volonté de faire perdurer les traditions

Les villages de cette région portugaise maintiennent tant bien que mal les traditions, malgré l'immigration et la désertification.

"J'ai jamais perdu le contact avec le Portugal", raconte Maria De Jesus, qui a vécu vingt ans en Suisse où elle a laissé enfants et petits-enfants. "Pâques, c'est le symbole de la foi. Mais il n'y a plus de jeunes dans la procession", regrette-t-elle. "Moi je la ferai tant que je peux, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus personne."

Dans les villages portugais, comme ici à Segura, une certaine gravité et noirceur précèdent Pâques. [Keystone - Francisco Seco/AP]
Dans les villages portugais, comme ici à Segura, une certaine gravité et noirceur précèdent Pâques. [Keystone - Francisco Seco/AP]

Lorsque la nuit tombe, d'étranges mélopées résonnent dans les rue des villages faiblement éclairés. A Souto da Casa, on pratique la recommandation des âmes.

Le choeur du village déambule dans les rues et s'arrête devant les maisons des disparus, puis chante des psalmodies aux demi-tons suraigus, typiques des chants populaires portugais, pour faciliter le passage entre les mondes.

La fête passe aussi par la cuisine

Dans ces villages, une certaine gravité et noirceur précèdent Pâques. Mais celles-ci sont largement compensées par le plaisir d’être ensemble autour de grandes tablées.

Parallèlement aux rites, la fête de la résurrection et les bombances qui l'accompagnent sont minutieusement préparées. A commencer par les gâteaux et le fameux folar, une brioche sucrée à l'anis dont le secret réside dans "la cuisson dans le four à bois communal".

Les gâteaux sont confectionnés pour la famille et les voisins, et le surplus est vendu au cours des événements créés pour redonner de la vie aux villages désertés, comme la désormais traditionnelle randonnée de la Gardunha, une montagne des environs.

"Nous passons par un ancien sanctuaire qui était dédié à la Vierge et où toutes les communautés des alentours de la montagne montaient le lundi de Pâques", explique David Caetano, co-organisateur de la marche. "Il y a toute une signification sacrée qui rend cet endroit encore plus important dans le cadre des festivités."

Dans les montagnes portugaises, Pâques est donc une vraie fête où le chant lugubre et les crécerelles des pénitents s'effaceront bientôt pour laisser place à l'agneau au four et aux gâteaux croustillants.

Sujet radio : Marie-Line Darcy

Adaptation web : Isabel Ares

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