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La France ouvre au public d'importantes archives sur la période du génocide rwandais

François Mitterrand (à gauche) et Juvenal Habyarimana, le 10 décembre 1984. [AFP - GEORGES GOBET]
La France ouvre au public d'importantes archives sur la période du génocide rwandais / Le Journal horaire / 39 sec. / le 7 avril 2021
La France a ouvert au grand public d'importantes archives relatives à la situation au Rwanda entre 1990 et 1994, soit 27 ans jour pour jour après le début du génocide des Tutsis dans ce pays.

Ces archives de l'ancien président François Mitterrand, ainsi que de son Premier ministre de l'époque Edouard Balladur, sont ouvertes "avant l'expiration des délais prévus", comme l'indique un décret paru mercredi au Journal officiel.

Plusieurs de ces documents, notamment des télégrammes diplomatiques et notes confidentielles, figuraient dans le rapport accablant sur le rôle de la France au Rwanda entre 1990 et 1994 rendu par une commission d'historiens fin mars.

>> Relire : Un rapport d'historiens pointe l'aveuglement de la France lors du génocide rwandais

Ce rapport Duclert revient sur l'engagement français durant ces quatre années décisives, au cours desquelles s'est mise en place la dérive génocidaire du régime hutu, pour aboutir à la tragédie de 1994 où quelque 800'000 personnes, majoritairement tutsies, ont été exterminées dans des conditions abominables entre avril et juillet.

Rôle de François Mitterrand

Il soulignait notamment la responsabilité de François Mitterrand et de son état-major particulier, qui ignoraient régulièrement les diverses mises en garde sur les risques de génocide. Au total, ce sont des milliers de documents qui vont ainsi être ouverts au public et en particulier le fonds Mitterrand, resté verrouillé pendant des décennies.

>> Relire aussi : Les archives de Mitterrand sur le Rwanda accessibles à un chercheur

La commission avait toutefois déploré s'être heurtée lors de son travail de plus de deux ans à des "refus de communication ou de consultations, certes rares mais notables". Le Bureau de l'Assemblée nationale avait par exemple refusé la consultation de certaines archives.

D'autres ouvertures prévues

D'autres ouvertures d'archives pourraient suivre à l'été, notamment des documents de l'armée qui ont été déclassifiés mais pas exploités, selon une source proche du dossier.

Plusieurs commémorations étaient prévues, notamment en France, pour marquer le 27e anniversaire du début du génocide. Après un moment de recueillement et un dépôt de fleurs à Paris à 10h00, plusieurs discours officiels devaient se succéder et une minute de silence devait être respectée à midi.

>> Revoir le sujet du 19h30, en 2019, sur les 25 ans du génocide des Tutsis :

Il y a 25 ans, le génocide du Rwanda faisait 800'000 morts, en majorité tutsis. Le pays poursuit une difficile réconciliation.
Il y a 25 ans, le génocide du Rwanda faisait 800'000 morts, en majorité tutsis. Le pays poursuit une difficile réconciliation. / 19h30 / 2 min. / le 7 avril 2019

ats/vajo

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Le président du Rwanda salue "un important pas en avant"

Le président rwandais Paul Kagame a salué mercredi le rapport Duclert sur le rôle de la France dans le génocide de 1994 (lire ci-dessus), estimant qu'il "marque un important pas en avant vers une compréhension commune de ce qu'il s'est passé".

Ce rapport remis le 27 mars au président français Emmanuel Macron "marque aussi un changement, il montre un désir même chez les dirigeants en France d'avancer avec une bonne compréhension de ce qu'il s'est passé. Nous saluons cela", a ajouté Paul Kagame dans un discours, lors des cérémonies de commémoration du génocide.

Et de poursuivre: "L'important est de continuer à travailler ensemble à documenter la vérité. C'est la vérité. (...) Le Rwanda aura aussi son mot à dire dans un avenir proche, peut-être lors de la troisième semaine de ce mois", a-t-il indiqué, en référence à un rapport sur le sujet mené par une commission rwandaise.

Rapprochement "irréversible" espéré avec le Rwanda

Lors de la remise du rapport Duclert, Emmanuel Macron avait indiqué espérer un rapprochement "irréversible" avec Kigali. Le Rwanda avait de son côté salué "un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France". Il ne s'est toutefois pas encore prononcé sur le contenu du rapport et en particulier sur le rôle de la France.

Même si les relations entre les deux pays se sont détendues avec l'arrivée au pouvoir du président français en 2017, le rôle de la France au Rwanda reste un sujet explosif depuis plus de 25 ans. Il est aussi l'objet d'un débat violent et passionné entre chercheurs, universitaires et politiques.