La Chine, hôte du sommet, a souhaité une plus grande régulation
du système financier pour que l'économie "virtuelle" ne nuise pas à
l'économie "réelle", tandis que le numéro un français Nicolas
Sarkozy, qui préside l'Union européenne, et le président de la
Commission européenne José Manuel Barroso ont affirmé s'attendre à
des décisions concrètes à Washington.
"Nous avons besoin d'innovation financière pour mieux servir
l'économie, mais avons encore plus besoin d'une plus grande
régulation financière pour assurer la stabilité financière", a
affirmé le Premier ministre chinois Wen Jiabao, lors d'une
conférence de presse à l'issue du sommet bisannuel de l' Asem .
Renforcer le rôle du FMI
"L'économie virtuelle doit être coordonnée avec l'économie
réelle, il ne faut pas que les problèmes de l'économie virtuelle
influencent le développement de l'économie réelle", a-t-il
poursuivi, soulignant que les mesures prises pour faire face à la
crise actuelle n'étaient pas "suffisantes".
Vendredi soir, dans une déclaration, les 43 pays d'Asie et
d'Europe (Asem) ont demandé une réforme profonde des systèmes
monétaire et financier et un rôle accru du Fonds monétaire
international. Wen Jiabao a confirmé que son pays prendrait une
part "active" au sommet qui doit réunir le 15 novembre à Washington
les grandes puissances industrialisées et émergentes du G20 sur la
crise financière.
Le G20 comprend les grands pays industrialisés du G8 (Etats-Unis,
Allemagne, Canada, France, Italie, Japon, Royaume-Uni, Russie)
ainsi que onze grands pays émergents, plus l'Union européenne.
Mesures pragmatiques
"Nous discuterons avec les dirigeants du monde de mesures pour
faire face à la crise financière de manière pragmatique et
commune". La France et l'UE estiment avoir rempli leur objectif de
rallier les pays asiatiques à leur campagne en faveur d'une refonte
du système financier international et d'un "nouveau Bretton Woods",
accueilli avec tiédeur par l'administration Bush.
Nicolas Sarkozy, qui a beaucoup insisté auprès de Washington pour
la tenue d'un tel sommet, a assuré que des décisions seraient
prises. "Ce qu'a dit le Premier ministre chinois est très
illustratif de l'état d'esprit de nos amis d'Asie", a-t-il déclaré
samedi, au côté de Wen Jiabao. "Avant la préparation de ce sommet
(de Washington) tous nous ont fait part de leur volonté que ce
sommet soit conclusif, qu'il y ait des décisions", a dit Nicolas
Sarkozy.
"Et chacun a parfaitement compris qu'il n'était pas possible de se
réunir uniquement pour parler. Des décisions seront prises", a
conclu le président français.
afp/mej
L'avis de José Manuel Barroso
De son côté, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a également estimé possible des "décisions concrètes et importantes" à Washington.
"Des contacts bilatéraux durant ce sommet (de Pékin), je vois qu'il y a un consensus émergent qui rendra possible que le sommet de Washington aboutisse à des décisions concrètes et importantes", a dit José Manuel Barroso.
Quand la crise accapare la politique
Si le sommet des dirigeants de 43 pays d'Asie et d'Europe (Asem) a été largement accaparé par la crise financière, les chefs d'Etat ou de gouvernement des deux continents ont également abordé les changements climatiques, le développement durable, la sécurité énergétique et alimentaire, les conflits régionaux, la prévention des désastres, la cohésion sociale et les dialogue entre les civilisations.
"La crise financière n'est pas une raison et devrait pas être un prétexte pour repousser nos engagements en matière de lutte contre le changement climatique", a lancé José Manuel Barroso, jugeant même possible un accord global en décembre 20O9 à Copenhague au sommet de l'ONU sur le climat.
Les pays d'Asie et d'Europe ont aussi demandé à la junte au pouvoir en Birmanie de libérer les prisonniers politiques et de "lever les restrictions" pesant sur les partis, dans un communiqué conjoint publié à l'issue du sommet Asie-Europe (Asem).