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Au Tchad, un scrutin présidentiel couru d'avance pour Idriss Déby

Des électrices attendent devant un bureau de vote à N'djamena, lors de la présidentielle tchadienne, le 11 avril 2021. [AFP - Marco Longari]
Au Tchad, un scrutin couru d'avance pour un statut quo régional / Le Journal horaire / 22 sec. / le 11 avril 2021
Au pouvoir depuis 30 ans, le maréchal-président Idriss Déby Itno briguait dimanche un 6e mandat, dans une élection présidentielle qu'il est d'ores et déjà assuré de remporter.

Les bureaux de vote ont fermé dimanche soir. Globalement, le scrutin s'est déroulé dans le calme à N'Djamena et dans le reste du pays, à l'exception d'une urne qui a été brûlée dans un arrondissement de la capitale par un groupe d'individus, a rapporté à l'AFP la présidente du bureau de vote.

Après avoir écarté, parfois violemment, les rares ténors d'une opposition divisée qui pouvaient lui faire un peu d'ombre, le président sortant fait face à six candidats sans grand poids politique.

L'opposition n'a pas été capable de s'entendre pour présenter un candidat unique et tenter de peser sur le scrutin.

En outre, depuis plusieurs mois, le régime interdit systématiquement les "marches pacifiques pour l'alternance" que tentent d'organiser les partis d'opposition, et la redoutable police anti-émeute disperse chaque début de rassemblement, qui n'attire que quelques dizaines de téméraires.

Participation scrutée

Le véritable enjeu de ce scrutin sera donc la participation, alors que la frange de l'opposition la plus virulente a appelé au boycott du scrutin. Quelque 7,3 millions d'électeurs et d'électrices, sur une population totale de 15 millions d'habitants, sont appelés aux urnes.

Le chef de l'Etat de 68 ans a voté dans la matinée, aux côtés de son épouse Hinda, omniprésente durant la campagne, et a lancé un ultime appel pour une mobilisation maximale.

Mais dans certains quartiers réputés pour voter plutôt en faveur de l'opposition, assez peu de personnes se sont rendues aux bureaux de vote. "Depuis l'ouverture, on a eu que trois votants", déclarait un assesseur devant une urne quasi vide, dimanche à la mi-journée, dans un le quartier Moursal, au sud de N'Djamena.

"La seule chose qui compte aux yeux de Déby, c'est de l'emporter dès le premier tour avec une participation importante, pour qu'on ne lui objecte pas qu'il a été mal élu", résume un diplomate sous couvert d'anonymat.

Acteur géopolitique important

Le maréchal Déby a fait campagne sur la "paix et la sécurité" dont il dit être l'artisan, dans son pays mais aussi dans une région tourmentée: le Tchad, enclavé entre des pays parfois rongés par les conflits, dont la Libye, le Soudan ou la Centrafrique. Il est également un contributeur de poids au combat contre les djihadistes au Sahel.

La majorité des habitants semblent cependant se désintéresser d'un scrutin joué d'avance et tentent péniblement de joindre les deux bouts. En 2020, le Tchad était classé au 187e rang sur 189 pays de l'Indice de Développement Humain de l'ONU.

Les résultats provisoires sont prévus le 25 avril, et les résultats définitifs le 15 mai.

afp/jop

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Scénario similaire au Bénin

Le Tchad n'est pas le seul pays d'Afrique à voter dans le cadre d'une présidentielle sans grand suspense. Au Bénin, les citoyens et les citoyennes votaient dimanche pour élire leur président, dans un scrutin verrouillé où le chef de l'Etat Patrice Talon sera "seul face à lui-même", selon l'opposition.

Ex-magnat du coton, Patrice Talon, qui brigue un second mandat, fait face à deux candidats quasiment inconnus du public, les anciens députés Alassane Soumanou et Corentin Kohoué. Il a assuré qu'il gagnerait ce scrutin "par KO", sans second tour.

Si le scrutin se tenait dimanche dans le calme, mais sans engouement, la campagne électorale a été marquée par des violences, notamment dans au nord du pays, fief de l'ancien président Thomas Boni Yayi, où des manifestants avaient dressé d'importants barrages routiers.

Selon le président sortant, les manifestants, "des jeunes, des enfants, des chasseurs" ont été "manipulés" pour attaquer la République. La répression musclée et parfois sanglante des derniers jours a fait au moins deux morts par balle.

Dans les rues de Cotonou, la capitale économique, l'ambiance était calme dimanche matin lorsque les premiers électeurs se sont rendus aux urnes. Mais beaucoup craignent de potentielles violences lors des dépouillements à la fin de journée ou à l'annonce des résultats, prévus lundi ou mardi.