Selon les derniers sondages, sept de ces candidats et candidates oscillent entre 6 et 10% des intentions de vote et ont une chance de se qualifier pour le deuxième tour prévu pour le 6 juin, et qui opposera les deux finalistes du premier tour.
Le vote est obligatoire au Pérou sous peine d'amende. L'Office national électoral (ONPE) prévoit que "neuf Péruviens sur dix" se rendront aux urnes malgré les chiffres alarmants de l'épidémie de Covid-19 qui a déjà fait plus de 54'000 morts dans ce pays de 33 millions d'habitants.
Un protocole a donc été mis en place. Les bureaux de vote ont ouvert à 7h00 (13h00 en Suisse) et le resteront 12 heures d'affilée, soit quatre heures de plus qu'habituellement, afin d'éviter les attroupements. Chaque électeur doit s'y rendre à une heure prédéterminée, en fonction du dernier chiffre de sa carte d'identité.
Partis populistes en embuscade
Parmi les 18 candidats, l'ex-député de centre droit Yonhy Lescano, l'anthropologue de gauche Veronika Mendoza et l'économiste libéral Hernando de Soto forment le trio de tête du dernier sondage.
Mais l'ex-footballeur George Forsyth (centre droit), l'homme d'affaires Rafael Lopez Aliaga (extrême droite), l'enseignant Pedro Castillo (gauche) ou Keiko Fujimori (droite populiste) pourraient rester dans la course.
"C'est le pire scénario possible pour dimanche : fragmentation et polarisation", a déclaré à l'AFP le politologue Carlos Meléndez.
Les premiers résultats partiels de la présidentielle devraient être connus dans la nuit de dimanche à lundi (vers 5h30 heure suisse). Pour les résultats officiels des législatives, il faudra attendre plusieurs jours.
Instabilité et corruption
Outre leur président, les 25 millions d'électeurs sont appelés à élire les 130 députés du Parlement, à l'origine de nombreuses crises institutionnelles ces dernières années. La dernière, en novembre 2020, a conduit le Pérou à avoir trois présidents en une semaine.
Destitué par le Parlement pour "incapacité morale" sur fond d'accusation de pots-de-vins présumés, le populaire chef de l'Etat Martin Vizcarra a été remplacé par l'opposant Manuel Merino, le président du Parlement, lui-même forcé cinq jours plus tard à la démission sous la pression de la rue.
afp/jop
Pays frappé durement par la pandémie
Outre les files d'électeurs, celles de Péruviens tentant d'obtenir des bouteilles d'oxygène pour des malades du Covid-19 étaient également visibles dimanche à Lima.
"Alors que nous devrions être en train de patienter pour voter, nous avons dû nous lever à l'aube pour obtenir une bonbonne d'oxygène", explique à l'AFP Micaela Lizama, 38 ans, qui patiente devant un local de distribution à Villa El Salvador, un quartier de la capitale. "Trouver de l'oxygène, c'est le principal pour moi", renchérit Mario Tinoco, 52 ans, qui dit préférer payer l'amende prévue par la loi.
L'ex-président Vizcarra avait proposé en janvier de reporter les élections au 23 mai, mais sa proposition n'a reçu aucun soutien.
La pandémie a frappé de plein fouet le Pérou dont le système de santé précaire souffre depuis des années d'un sous-investissement chronique. La pénurie récurrente d'oxygène force les gens à patienter des heures, voire des jours, pour tenter de sauver leurs proches.
Présidentielle également en Équateur
Pays voisin du Pérou, l'Équateur votait également dimanche pour désigner son prochain président, entre le jeune économiste Andrés Arauz, 36 ans, dauphin de l'ex-dirigeant socialiste Rafael Correa, et Guillermo Lasso, un ancien banquier de droite.
Les bureaux de vote ont fermé dimanche à 17h00 (23h00 heure suisse). Le vainqueur succédera à l'impopulaire Lenin Moreno, qui achèvera le 24 mai son mandat de quatre ans dans ce pays de 17,4 millions d'habitants.
Deux modèles sont en jeu dans ce pays pétrolier confronté à une crise économique sévère, aggravée par la pandémie de Covid-19. D'une part, un retour du socialisme, de l'autre une accentuation du virage à droite, initié par Lenin Moreno, qui s'est rapproché du patronat et des organismes financiers.
Sur fond de polarisation entre corréistes et anti-corréistes, le vote des amérindiens devrait peser. Ils ne représentent que 7% de la population, mais constituent une force sociale redoutée. Leur candidat Yaku Pérez, avocat indigène de gauche, est arrivé troisième du premier tour à seulement 0,35% de Guillermo Lasso, et a contesté les résultats.
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