Le procès s'ouvre ce lundi en Extrême-Orient, dans la ville de Komsomolsk-sur-l'Amour, où est née et travaille Ioulia Tsvetkova. Les audiences seront vraisemblablement fermées au public et à la presse sous prétexte que les documents qui y seront analysés ont un caractère pornographique.
La jeune femme a publié sur les réseaux sociaux différents de ses projets, dont l'un s'intitule "Les monologues du vagin", en hommage à la célèbre pièce de théâtre. On y voit des représentations de vulves colorées peintes par la militante et par d'autres artistes.
Sur une autre page appelée "La femme n'est pas une poupée", la militante a publié des dessins humoristiques revendiquant le fait que les femmes ont des poils ou ne sont pas toutes minces, et que cela est normal. Elle est également l'auteure de conférences sur le thème du "féminisme n'est pas de l'extrémisme".
Ioulia Tsvetkova est poursuivie pour ces représentations de femmes nues au nom de la loi contre la production et diffusion de matériel pornographique sur internet ou auprès de mineurs, et risque jusqu'à six ans de prison. Depuis un an, de nombreuses personnalités la soutiennent, certaines soulignant que les musées russes et mondiaux regorgent de portraits de femmes nues.
Soutien local et international
Des militantes arborant des pancartes dans la rue avec le slogan "Mon vagin n'est pas de la pornographie" ont été amendées par les forces de l'ordre russes. A Moscou, des activistes ont également organisé la projection d'un film documentaire sur l'anatomie féminine en soutien à la féministe, mais l'événement a finalement été interdit par la police.
Ioulia Tsvetkova milite également en faveur des droits LGBTI. Elle a d'ailleurs déjà été condamnée au nom de la loi interdisant la propagande homosexuelle auprès des mineurs pour des dessins représentants des couples de même sexe, avec le titre "La famille, c'est là où il y a de l'amour".
De son côté, Amnesty international a qualifié le procès qui s'ouvre lundi d'absurde. Dans un communiqué, l'ONG appelle les autorités russes à abandonner immédiatement toutes les charges retenues contre Ioulia Tsvetkova, à cesser de cibler les féministes, LGBTI et autres militantes, ainsi qu'à garantir la liberté artistique pour toutes et tous.
Isabelle Cornaz/iar