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Rwanda: le "cerveau" du génocide condamné

Théoneste Bagosora ici sous escorte lors d'un transfert, en 1997.
Théoneste Bagosora ici sous escorte lors d'un transfert, en 1997.
Le colonel Théoneste Bagosora, présenté comme le "cerveau" du génocide de 1994 au Rwanda, a été condamné jeudi à la prison à vie au terme du procès phare du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), qui siège à Arusha, en Tanzanie.

Deux autres accusés, l'ex-commandant des opérations dans le
secteur militaire de Gisenyi (nord-ouest), le lieutenant-colonel
Anatole Nsengiyumva, et le chef du bataillon para-commando dans la
zone de l'aéroport de Kigali, le major Aloys Ntabakuze, ont été
condamnés à la même peine, également pour "génocide, crimes contre
l'humanité et crimes de guerre".

Il fera appel

Le tribunal les a toutefois "acquittés" du crime d'"entente en
vue de commettre un génocide" avant le 7 avril 1994, une
qualification recouvrant notamment l'élaboration collective du
projet génocidaire. Le tribunal a également acquitté le quatrième
accusé du procès, l'ancien responsable des opérations militaires à
l'état-major de l'armée, le brigadier général Gratien Kabiligi, et
a "ordonné sa remise en liberté immédiate".

Il fait appel

Dans un autre dossier, le TPIR a condamné à 20 ans de prison
Protais Zigiranyirazo, un beau-frère de l'ex-président Juvénal
Habyarimana, reconnu coupable de génocide et d'extermination, "La
justice a été rendue. Nous sommes satisfaits", a réagi Aloys
Mutabingwa, représentant du gouvernement rwandais auprès du
TPIR.



"Bagosora a décidé de faire appel. C'est la déception", a annoncé
son principal avocat, Me Raphaël Constant. "Je constate quand même
que le chef d'entente en vue de commettre le génocide n'a pas été
retenu. C'est ce qui est important (...), c'est une remise en cause
de toute l'historiographie du Rwanda".



Jusqu'à ce jour, aucun accusé du TPIR n'a été reconnu coupable de
ce crime, pourtant jugé dans presque toutes les affaires. "La
chambre a conclu que Bagosora avait de l'autorité sur les
génocidaires. (...) Dès qu'il y a génocide, la question de la
planification ne se pose plus. Il ne peut y avoir de génocide sans
planification", a toutefois estimé Aloys Mutabingwa.

800'000 morts

Paris, qui entretient des relations tendues avec Kigali, s'est
félicité de ces condamnations "importantes pour (...) la pleine
reconnaissance des droits des victimes du génocide rwandais".



Le colonel Bagosora, un Hutu de 67 ans, ex-directeur de cabinet au
ministère de la Défense à l'époque du génocide, avait été présenté
comme le "cerveau" des massacres par le parquet tout au long du
procès débuté en 2002.



Le génocide, perpétré en trois mois, a fait, selon l'ONU, environ
800'000 morts parmi la minorité tutsi et les Hutu modérés. La
chambre a considéré que Bagosora dirigeait de facto l'armée
rwandaise après l'attentat le 6 avril 1994 contre l'avion du
président rwandais hutu Juvénal Habyarimana, qui avait servi de
détonateur au génocide.



afp/mej/ps

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Politiciens et Casques bleus assassinés

Le tribunal a conclu à la responsabilité au colonel Bagosora dans l'assassinat le 7 avril, par des éléments de l'armée rwandaise, du Premier ministre de l'époque, Agathe Uwilingiyimana, perçue comme trop modérée par la frange extrémiste du régime hutu.

Sa responsabilité est également retenue dans les assassinats ciblés de différentes personnalités politiques.

La chambre l'a également jugé coupable pour son implication dans l'assassinat de 10 Casques bleus belges le 7 avril dans un camp militaire de Kigali et les massacres de Tutsi à des barrages routiers à Kigali et dans sa région de Gisenyi.

Pour l'accusation, l'assassinat des Casques bleus avait atteint son objectif: provoquer le retrait deux semaines plus tard de la force de l'ONU afin de laisser le champ libre à la machine à tuer.

"Préparer l'Apocalypse"

Le colonel Bagosora a mené une brillante carrière militaire qui l'a mené dans les plus hauts cercles du pouvoir au Rwanda.

Selon l'acte d'accusation du TPIR, Théoneste Bagosora a claqué en 1993 la porte des négociations entre le pouvoir rwandais et la rébellion tutsi du Front patriotique rwandais (FPR), organisées en Tanzanie.

Il a alors annoncé retourner dans son pays "préparer l'Apocalypse". Bagosora nie avoir jamais prononcé ces paroles. Il a toujours clamé son innocence.