On estime leur nombre à plus d'une centaine dans le pays. Les bandes armées sont un véritable fléau en Haïti. Leur spécialité? Les enlèvements contre rançons qui ont tendance à se multiplier depuis quelques mois. Dimanche, sept religieux catholiques, dont deux français, ont été kidnappés près de la capitale, Port-au-Prince. Les ravisseurs réclament un million d'euros de rançon contre leur libération (lire encadré ci-dessous).
Dégradation de la situation
Cette situation n'a de cesse de se dégrader depuis environ deux ans, comme l'explique Frédéric Thomas, chargé d’étude au Centre tricontinental (CETRI) à Louvain-la-Neuve en Belgique et spécialiste d’Haïti.
"Les gangs se sont multipliés en réponse à des mobilisations sociales et populaires contre le président actuel", souligne-t-il au micro de La Matinale. "Il y a eu un premier massacre dans un quartier populaire de Port-au-Prince en novembre 2018 qui a fait 71 morts. Cela a été vu comme le marqueur des montées en puissance de ces gangs."
Police souvent complice
Le président haïtien Jovenel Moïse, dont le mandat est terminé depuis 7 février, avait pourtant annoncé quelques jours plus tard devant le Conseil de sécurité de l’ONU le démantèlement de 64 gangs, dont celui accusé du kidnapping de dimanche. Une annonce mensongère, pour Frédéric Thomas.
"L'Etat ne va pas répondre à leurs exactions. Bien souvent, la police est complice de ces gangs armés. On est dans une forme d'appauvrissement de la situation, sachant que le garant de cette impunité, c'est le président actuel. Et malgré tout, il continue à bénéficier du soutien international", déplore-t-il.
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Quoi qu'il en soit, sur place, la situation reste toujours aussi tendue. En mars, l'état d'urgence a été décrété dans certains quartiers de la capitale et, début avril, des centaines de femmes ont défilé à Port-au-Prince pour dénoncer ces enlèvements.
Karin Jorio/fgn
Enquête ouverte à Paris sur l'enlèvement des religieux français
Une enquête a été ouverte à Paris lundi pour "enlèvement et séquestration en bande organisée" après le kidnapping dimanche en Haïti de deux ressortissants français faisant partie d'un groupe de sept religieux catholiques, a indiqué le parquet.
L'enquête a été confiée à l'Office central de lutte contre le crime organisé (OCLCO), a précisé le parquet de Paris, compétent pour des crimes commis à l'étranger envers des citoyens français.
Les ravisseurs ont réclamé une rançon d'un million d'euros en échange de la libération du groupe.
La police soupçonne un gang armé - baptisé "400 Mawozo" - actif dans le secteur où l'enlèvement s'est produit, d'en être à l'origine, d'après une source policière.
De son côté, le président haïtien Jovenel Moïse a promis lundi de ne pas "baisser les bras" face au "fléau" des enlèvements en Haïti. "Je suis conscient que l'Etat doit faire plus d'efforts dans la bataille contre cette catastrophe" que constituent les enlèvements, a-t-il reconnu, jurant qu'il fera "tout ce que (lui) permet la loi pour trouver de bonnes solutions pour résoudre ces problèmes".