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La Russie appelée à cesser ses "provocations" aux frontières avec l'Ukraine

L’OTAN reste aux côtés de l'Ukraine. Un discours qui résonne comme une mise en garde à la Russie
L’OTAN reste aux côtés de l'Ukraine. Un discours qui résonne comme une mise en garde à la Russie / 19h30 / 2 min. / le 13 avril 2021
Entre consultations d'urgence à l'Otan, annonce de rencontre présidentielle et envoi de troupes américaines en Allemagne, les Occidentaux ont envoyé mardi des signaux de fermeté à la Russie afin de désamorcer un nouveau conflit en Ukraine et de répondre aux démonstrations de force de la part de Moscou.

Ces derniers jours, les réunions se multiplient pour coordonner la réponse de l’Alliance atlantique à ce qui est vu par l’Occident comme une nouvelle menace de la part de la Russie, qui a récemment intensifié sa présence militaire dans la région frontalière avec l'Ukraine.

"Le renforcement militaire considérable de la Russie est injustifié, inexplicable et profondément préoccupant", a averti mardi le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg, ajoutant que Moscou "doit mettre fin à ce renforcement militaire en Ukraine et autour de l'Ukraine, arrêter ses provocations et cesser toute escalade immédiatement".

Jens Stoltenberg a reçu mardi à Bruxelles le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken et le secrétaire à la Défense Lloyd Austin lui ont succédé. Vendredi, le président français Emmanuel Macron recevra de son côté son homologue ukrainien Volodimir Zelensky, pour un déjeuner de travail à l'Elysée.

>> Lire aussi : Angela Merkel demande à la Russie de réduire sa présence près de l'Ukraine

Des "exercices militaires"

De son côté, la Russie a confirmé effectuer des "exercices militaires" à la frontière ukrainienne. Elle dit réagir à des activités "menaçantes" de l'Otan, alors que Kiev accuse Moscou de masser des troupes dans son voisinage et craint que le Kremlin ne cherche un prétexte pour l'attaquer.

"En trois semaines, deux armées et trois unités de troupes aéroportées ont été transférées avec succès aux frontières ouest de la Russie pour des exercices", a indiqué le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou. Quelque 80'000 soldats seraient désormais massés à la frontière ouest de la Russie et en Crimée.

"Réagissant aux activités militaires menaçantes de l'Alliance (atlantique, ndlr), nous avons pris les mesures appropriées", a-t-il ajouté, au cours d'une conférence de presse à Severomorsk, la principale base de la flotte russe du Nord.

500 soldats américains déployés en Allemagne

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin a quant à lui annoncé l'envoi de 500 militaires supplémentaires en Allemagne. Ces effectifs se consacreront essentiellement à la cybersécurité et à la sécurité spatiale. Ils "témoignent de notre engagement envers notre partenaire et envers l'Otan", a-t-il souligné.

Pour sa part, le ministre russe de la Défense a dénoncé le "redéploiement de troupes américaines d'Amérique du Nord vers l'Europe". "Un déploiement des troupes en Europe vers les frontières de la Russie est en cours. Les forces se concentrent principalement dans les régions de la mer Noire et de la mer Baltique", a-t-il ajouté.

Les présidents russe et américain, Vladimir Poutine et Joe Biden, se sont eux dits prêts lors d'une conversation téléphonique mardi à "poursuivre le dialogue" pour garantir la sécurité mondiale, a indiqué le Kremlin. Celui-ci a aussi confirmé que le second avait proposé au premier d'organiser une rencontre au sommet "dans un avenir proche", sans préciser si le président russe avait accepté.

>> Les précisions de Forum sur une possible nouvelle guerre en Ukraine :

La guerre en Ukraine, le retour ?
La guerre en Ukraine, le retour ? / Forum / 2 min. / le 13 avril 2021

fgn/boi avec les agences

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Tester la détermination des Occidentaux

S'ils s'accordent pour l'heure à dire qu'une invasion russe de l'Ukraine est pour le moment improbable, les experts ont mis en avant plusieurs raisons potentielles pour cette escalade.

A leurs yeux, ce regain de tension en Ukraine provient surtout du fait que Vladimir Poutine veut tester la détermination des Occidentaux. Il veut voir ce que l’administration Biden a dans le ventre, après les années Trump, fasciné par le chef du Kremlin, et les mandats d’Obama, qui se désintéressait de l’Europe. Il souhaite voir jusqu'à quel point le nouveau président est prêt à venir en aide à l'Ukraine et à défier le Kremlin.

Le président russe veut également juger la solidité de l’Alliance atlantique. Un diplomate européen a ainsi confié à RTSinfo: "Il faut lui montrer que cette fois, on ne laissera pas faire. Cela changera du fait qu’il n’a payé ni le prix de l’annexion de la Crimée, ni celui de l’explosion du Boeing MH17 abattu dans le ciel ukrainien par un missile russe."

D'autres analystes estiment que la Russie veut envoyer un message à l'Ukraine, qui a imposé récemment des sanctions envers l'un de ses députés prorusses, Viktor Medvedtchouk, proche de Vladimir Poutine, et interdit trois chaînes de télévision qui lui sont liées.

D'autres encore estiment que le Kremlin veut susciter une poussée patriotique parmi les Russes avant les législatives de septembre. Le principal opposant russe, Alexeï Navalny, a été emprisonné, mais le parti du pouvoir, Russie Unie, est très impopulaire.

Un conflit depuis sept ans

Les forces ukrainiennes sont engagées depuis 2014 dans une guerre contre des séparatistes prorusses qui ont pris le contrôle de territoires dans l'est de l'Ukraine, notamment dans le Donbass, soutenus par Moscou

Après des combats intenses qui ont fait plus de 13'000 morts, le conflit avait largement diminué en intensité à partir de 2015 et le dernier cessez-le-feu en date, décidé l'année dernière, était globalement respecté.

Les combats étaient quasiment à l'arrêt depuis lors, mais de nouvelles violences ont éclaté début 2021, principalement des combats au mortier et à l'artillerie, qui ont fait au moins 29 morts parmi les forces ukrainiennes, contre 50 sur toute l'année 2020.