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L'Iran entend augmenter encore l'enrichissement de l'uranium

Une nouvelle génération de centrifugeuses devraient permettre à l'Iran d'améliorer ses capacités d'enrichissement de l'uranium. [Reuters/WANA - Iranian Presidency Office]
L'Iran annonce vouloir enrichir de l'uranium à 60% dès mercredi / Le Journal de 22h30 / 18 sec. / le 13 avril 2021
L'Iran a annoncé mardi son intention de commencer à enrichir de l'uranium à 60%, un niveau qui le rapprocherait d'une capacité d'utilisation militaire. Cette annonce intervient deux jours après un "sabotage" de son usine de Natanz, que Téhéran impute à Israël.

"Les préparatifs commenceront cette nuit" à Natanz, a annoncé l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) mardi. L'enrichissement à 60% marquerait une étape supplémentaire et inédite dans la violation des engagements pris par l'Iran en vertu de l'accord international conclu à Vienne en 2015 pour limiter son programme nucléaire, au moment même où des discussions doivent continuer en Autriche pour sauver ce pacte.

En riposte au retrait américain en 2018 de cet accord et au rétablissement par Washington de sanctions au nom d'une politique de "pression maximale" à son encontre, l'Iran s'est affranchi depuis 2019 de la plupart des engagements clés pris à Vienne.

Sur le chemin des 90%

La République islamique, qui a toujours nié vouloir se doter de l'arme nucléaire, enrichit actuellement de l'uranium à 20% en isotope 235, au-delà de la limite de 3,67% fixée par l'accord. L'uranium enrichi à 60% servira à "produire du molybdène utilisé à des fins de fabrication de différents produits radiothérapeutiques", affirme l'OIEA. Le mobyldène est un métal dur généralement utilisé dans les alliages. Mais un enrichissement à 60% mettrait aussi l'Iran sur le chemin des 90% nécessaires pour une utilisation à des fins militaires.

L'AIEA a confirmé avoir été informée par l'Iran de son intention d'enrichir l'uranium à 60%, une décision que la France a "condamné" comme un "développement grave" nécessitant "une réponse coordonnée" des pays impliqués dans les négociations sur le dossier nucléaire. La Maison Blanche a de son côté affirmé rester disposée à poursuivre les négociations avec l'Iran malgré ces "annonces provocantes".

Sauver l'accord

Le ministre des Affaires étrangères iranien adjoint Abbas Araghchi a précisé dans une lettre envoyée à l'AIEA que "1000 centrifugeuses supplémentaires d'une capacité 50% supérieure seront ajoutées aux machines présentes à Natanz, en sus du remplacement des machines abîmées" par l'explosion survenue dimanche dans ce complexe nucléaire du centre de l'Iran, que le pays attribue à Israël.

>> Lire à ce sujet : L'Iran accuse Israël après une "petite explosion" dans son usine de Natanz

Ces annonces surviennent quelques heures après une rencontre à Téhéran entre le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif et son homologue russe Sergueï Lavrov. "Nous tablons sur le fait qu'on pourra sauvegarder l'accord et que Washington reviendra enfin à sa mise en oeuvre pleine et entière", a déclaré Sergueï Lavrov.

ats/vic

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