Fin mars, le vice-Premier ministre du Monténégro Dritan Abazovic a critiqué les emprunts de l'ancien gouvernement, jugeant qu'il "a mené le pays dans une position de dépendance à l'égard de la Chine", désormais premier créancier mondial, rappelle le journal Libération.
Si le Monténégro ne s’acquitte pas de la somme due, la Chine pourra disposer de terres monténégrines à titre de garantie, selon les termes du contrat. C'est ce qui est arrivé au Sri Lanka en 2017. Incapable de rembourser sa dette, il a dû transférer le contrôle du port de Hambantota à un opérateur chinois.
Clauses "abusives"
A son tour, le Monténégro craint les conséquences de la diplomatie de la dette chinoise, qui lie ses prêts à des clauses collatérales jugées abusives par le rapport "Comment la Chine prête", publié le 31 mars.
Une autre condition inhabituelle demande au pays débiteur de s'engager à placer les revenus de ressources naturelles, par exemple le pétrole, dans des comptes à l'étranger qui peuvent être saisis à tout instant.
Une confidentialité totale
"La clause chinoise est particulière, parce qu'elle impose la confidentialité au débiteur. Le gouvernement qui emprunte n'a donc pas le droit d'évoquer les termes, et même l'existence de l'emprunt à ses citoyens ou à la presse", explique Sebastian Horn, chercheur à l’Institut sur l’économie mondiale (IWF) de Kiel en Allemagne et coauteur de la recherche, jeudi dans La Matinale.
Et d'ajouter: "Il est aussi difficile pour les autres créditeurs d'évaluer la solvabilité d'un pays débiteur et la valeur des actifs si on ne sait pas combien et à quelles conditions le pays a emprunté à la Chine."
Pour le chercheur, les pays émergents sont les premiers dépendants de la Chine. Et la pandémie de Covid-19 ne fait qu'aggraver leur situation.
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