Septante et un jours avant de prendre possession des lieux,
Barcak Obama et son épouse Michelle, venus sans leurs deux filles,
ont été accueillis par le couple Bush à leur descente de limousine,
sous le portique où le président salue communément les plus hauts
dirigeants étrangers.
Sous les yeux d'une partie du personnel de la Maison Blanche,
Bush et Obama se sont serré la main tandis que Laura et Michelle,
ensemble marron pour l'une, rouge pour l'autre, se faisaient la
bise.
Accolade
Le sénateur Obama, déjà venu à plusieurs reprises à la Maison
Blanche sans jamais entrer dans le Bureau ovale selon ses
collaborateurs, a amicalement posé sa main sur le bras, puis le dos
de G.W.Bush.
Quelques instants seulement plus tard, Bush et Obama se sont
retirés dans le Bureau ovale pour leurs premiers entretiens de fond
depuis la victoire sans appel d'Obama à la présidentielle six jours
plus tôt. Laura Bush, elle, devait faire visiter ses futurs
quartiers présidentiels à celle qui deviendra la maîtresse de
maison le 20 janvier.
Barack Obama, qui a trouvé lundi le temps de déposer ses deux
filles à l'école à Chicago pour la première fois depuis l'élection,
est venu avec des aides de camp à ce qui est un des grands rituels
de la vie politique américaine.
Transition des plus difficiles
Mais c'est un strict tête-à-tête qu'ont eu le 43ème et le 44ème
présidents, dans une période de transition volontiers décrite comme
la plus difficile pour le pays depuis Roosevelt en 1933, voire
Lincoln en 1861.
Quand il deviendra le 20 janvier le premier président noir des
Etats-Unis, Barack Obama reprendra un pays en proie à la dépression
économique et à deux guerres à l'issue incertaine.
G.W.Bush a aussi mis en garde contre le risque que les terroristes
ne profitent d'un flottement dans la période de transition pour
frapper à nouveau. Il a dit vouloir tout faire pour faciliter la
tâche de son successeur.
Devant "la gravité de la situation", Barack Obama avait dit se
rendre au rendez-vous de lundi avec un esprit transgressant les
appartenances politiques. La Maison Blanche a dit rechercher la
contribution des conseillers d'Obama.
Ces promesses de collaboration tranchent avec le ton de la
campagne, quand Barack Obama brandissait le spectre Bush pour
dissuader de voter pour son adversaire John McCain. La Maison
Blanche avait assuré se tenir à l'écart de la querelle électorale.
Mais Barack Obama s'était senti directement visé en mai par des
propos de G.W.Bush dénonçant toute complaisance avec les
terroristes.
afp/ant
Maints différends subsistent
Barack Obama a plaidé pour un nouveau plan stimulant l'économie. L'administration Bush est très réticente.
Obama a promis de faire rentrer les soldats d'Irak en 16 mois.
Son équipe vient de signifier son intention de revenir rapidement sur des décrets relatifs à la recherche embryonnaire et à l'environnement.
Dans son récent livre, Barack Obama raconte comment, lors d'une visite avec d'autres parlementaires à la Maison Blanche en 2004, il avait trouvé le président vivant avec des "certitudes presque messianiques".
Il se rappelle comment Bush, après lui avoir serré la main, s'était passé les mains au savon hygiénique et lui en avait proposé en disant: "ça empêche d'attraper un rhume".
Lundi, il pourrait se souvenir aussi de ce que lui avait alors dit G.W.Bush: "Vous avez un avenir brillant, très brillant (...) Mais quand on suscite autant d'attention que vous, les gens commencent à sortir les revolvers (...) Tout le monde va attendre que vous fassiez un faux-pas, vous voyez ce que je veux dire, alors faites attention à vous".