Des milliers de marins bloqués en mer depuis le début de la pandémie

Plus d'un an après l'émergence du Covid-19, certains marins sont toujours dans l'attente: sans touristes, pas de croisières, et donc pas de retour au pays de départ. Répartis sur 17 paquebots, quelque 1500 marins sont ainsi bloqués depuis des mois dans le port de Marseille.

Étrangers, ils ont l'interdiction de mettre le pied à terre, sauf lorsque l'Association marseillaise d’accueil de marins vient leur revendre des denrées. Leur chef surveille qu’ils ne franchissent pas un périmètre défini.

Même si les employés sont payés en moyenne 1000 francs par mois, soit trois fois le salaire minimum aux Philippines, certains ont le mal du pays et ne voient pas arriver la fin de leur peine.

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AFP - Nicolas Tucat

Ces 1500 personnes ne sont pas les seules à vivre cette situation, explique dans Tout un Monde Jean-Paul Hennequin, président de l'association Mor Glaz en Bretagne, qui défend les marins et l'environnement maritime. Selon lui, sur les quelque 2 millions de marins recensés dans le monde, environ 200'000 sont aujourd’hui bloqués, pour certains depuis deux ans.

"Cela doit être une situation épouvantable psychologiquement, confie-t-il. Des marins se sont d’ailleurs suicidés en se jetant à l’eau. Certains groupes ont organisé une relève sur la côte d’Afrique, mais seuls quelques marins peuvent être rapatriés en raison des frontières fermées." Le président de Mor Glaz rappelle que 80% des marins sont issus de pays pauvres, qui ne peuvent se permettre d'organiser des rapatriements.

Demande de vaccination prioritaire

"Notre association demande aux grands armateurs de s’organiser pour la relève de leurs équipages mais également pour la vaccination. Tous les marins devraient aujourd’hui être vaccinés puisqu’ils sont en première ligne." Les armateurs ont récemment appelé le gouvernement français à la mise en place d'une vaccination prioritaire pour les marins.

Ainsi, même s'ils ne sont pas bloqués, les marins sur des navires de transport sont particulièrement vulnérables au Covid-19. À huis clos sur un navire, un seul malade peut contaminer tout l’équipage et l'éloignement des côtes rend l'accès aux soins difficile.

Jean-Paul Hennequin explique que, même si le métier de marin a pu faire rêver par le passé, les conditions sont devenues si difficiles qu’il a été peu à peu abandonné. "Les gens n'ont plus vraiment envie d'y aller parce qu'il n’y a plus d'escale, on est éloignés de sa famille et les conditions de vie ont énormément changé. Je ne suis pas sûr que l'on fasse encore ce métier par passion, mais plus par circonstances."

Sujets radio: Romane Frachon et Eric Guevara-Frey

Adaptation web: Mouna Hussain