Cuba a tourné lundi la page des frères Castro avec le départ en retraite de Raul un symbole fort mais qui ne change en rien la ligne politique du pays, l'un des derniers communistes au monde.
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Le président "Miguel Diaz-Canel Bermudez a été élu premier secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba", a annoncé le parti sur Twitter, au terme d'un scrutin organisé parmi les délégués de la formation politique, seule autorisée dans le pays.
"Le 19 avril, jour historique", avait rappelé plus tôt, sur le même réseau social, le président de 60 ans. Lundi marque le 60e anniversaire de l'attaque de la baie des cochons, pilotée par les Etats-Unis et déjouée par Cuba, une fierté nationale sur l'île.
"La génération du centenaire, fondatrice et guide du Parti, transfère ses responsabilités" à une génération plus jeune, a-t-il ajouté, au dernier jour du congrès du parti unique à La Havane, baptisé "congrès de la continuité".
Pour l'immense majorité des 11,2 millions de Cubains, il n'y a jamais eu qu'un Castro - Fidel, puis son frère Raul - aux manettes.
Moment critique
Le passage de témoin survient à un moment critique pour l'île, plongée dans sa pire crise économique en 30 ans sous l'effet de la pandémie de coronavirus et du renforcement de l'embargo américain imposé depuis 1962.
Les Cubains, eux, ont l'esprit ailleurs: la plupart sont juste fatigués des pénuries et interminables files d'attente, dans cette île obligée d'importer 80% de ce qu'elle consomme. Et les jeunes, nombreux chaque année à s'exiler faute d'opportunités, expriment de plus en plus leurs frustrations sur les réseaux sociaux, dopés par l'arrivée de l'internet mobile fin 2018.
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Mais pour le gouvernement, échauffé par quatre années de sanctions de l'administration Trump, la guerre idéologique reste primordiale. "L'existence à Cuba d'un parti unique a été et sera toujours la cible des campagnes de l'ennemi (les Etats-Unis, ndlr), déterminé à fragmenter et diviser les Cubains avec les chants des sirènes de la sacro-sainte démocratie bourgeoise", a clamé Raul Castro, appelant les nouvelles générations à "protéger avec zèle" le dogme du parti unique.
Grogne sociale
Pendant le congrès, des dizaines de militants, journalistes indépendants et artistes ont dénoncé via Twitter être empêchés par la police de sortir de chez eux, une technique utilisée par les autorités pour bloquer tout rassemblement. D'autres ont dit avoir subi des coupures de téléphone et d'internet.
Ces derniers mois, internet a été le moteur d'une grogne sociale inédite, dans ce pays où les manifestations sont rarissimes: grâce à lui, artistes, dissidents et défenseurs des animaux ont mobilisé dans les rues.
En réponse, le parti a adopté une résolution pour renforcer "l'activisme révolutionnaire sur les réseaux sociaux", pour lutter contre leur "subversion".
afp/kkub