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Que faire si un gros astéroïde s'apprête à percuter la Terre?

Les scientifiques estiment que l'on connaît aujourd'hui 90% des astéroïdes de plus d'un kilomètre [NASA]
La 7ème Conférence pour la défense planétaire et les astéroïdes / Tout un monde / 8 min. / le 26 avril 2021
La septième Conférence pour la défense planétaire vient de débuter, sous l'égide de l'ONU. Pendant une semaine, les experts tenteront d'éviter qu'un astéroïde ne détruise notre planète. Les questions sont encore nombreuses.

Un astéroïde géant est sur le point de percuter la Terre. Quels sont les risques? Que peut-on faire pour éviter le drame? Qui prend les décisions? Ce scénario hypothétique est au coeur des discussions qui débutent ce lundi à Vienne.

La 7ème Conférence pour la défense planétaire réunit la crème des experts mondiaux, scientifiques, mais aussi ingénieurs et politiciens, pour une simulation d'une semaine. Leur objectif: préparer la Terre à un impact.

Les risques que notre planète soit percutée par un monstre de l'espace sont très faibles, selon les experts. Il y a régulièrement de la poussière interstellaire ou des petites météorites qui s'écrasent sur Terre. Les scientifiques avancent un chiffre: entre 50 et 120'000 tonnes par année. Mais pas de quoi avoir peur.

Les astéroïdes qui frappent notre planète sont un classique des films catastrophes. Image tirée du film Greenland (2020).
Les astéroïdes qui frappent notre planète sont un classique des films catastrophes. Image tirée du film Greenland (2020).

Pour les gros astéroïdes qui détruisent la Terre, il faut plutôt se tourner vers Hollywood et des films comme Armageddon, Deep Impact ou encore le récent Greenland. Il y a un peu de vrai dans tous ces films.

Science-fiction?

La Terre a déjà été percutée par de très gros objets, notamment par la comète qui a mené à l'extinction des dinosaures. Le cratère de Chicxulub (env. 180 km de diamètre) dans la péninsule du Yucatán au Mexique en est la preuve. Il est le résultat de l'impact, il y a 66 millions d'année, d'un objet mesurant 7 km.

On a répertorié environ 190 cratères sur Terre. Les mers, l'érosion ou la tectonique des plaques ont tendance à effacer les cratères. Pour en savoir plus, il faut se tourner vers la Lune.

"Il n'a pas d'atmosphère, les cratères ne s'effacent pas avec le temps", explique l'astrophysicien Patrick Michel. "Grâce à l'observation de la Lune, nous avons pu évaluer que lors des 4 derniers milliards d'année, le taux d'impact dans le système solaire interne est resté en moyenne constant."

Les scientifiques ont également pu évaluer la fréquence d'impact par taille d'objet. "Un objet d'un kilomètre de diamètre tombe en moyenne sur Terre tous les 500'000 ans. Un objet de 140 mètres, tous les 20'000 ans."

Encore beaucoup de travail

En 2013, la météorite de Tcheliabinsk en Russie s'est écrasée en libérant l'énergie de 30 bombes d'Hiroshima. L'onde de choc a fait tomber des murs et blessé près d'un millier de personnes, selon la presse locale. La météorite mesurait moins de 20 mètres et a explosé avant de toucher le sol.

>>Regardez le sujet du 19h30 datant de 2013 sur la catastrophe de Tcheliabinsk

Russie: une pluie de météorites s'est abattue sur une région de l'Oural blessant 1'000 personnes
Russie: une pluie de météorites s'est abattue sur une région de l'Oural blessant 1'000 personnes / 19h30 / 2 min. / le 15 février 2013

Les astronomes surveillent donc le ciel attentivement, mais n'ont pas encore répertorié tous les dangers. Mirel Birlan de l'observatoire de Paris estime qu'il y a encore beaucoup de travail. "Si un objet vient du côté du soleil, il n'y a pas la possibilité de l'observer depuis la Terre. Nous essayons de répertorier tous les objets potentiellement dangereux. Nous allons y arriver. Mais pour l'instant, ce n'est pas le cas."

On estime aujourd'hui connaître plus de 90% des astéroïdes de plus d'un kilomètre pouvant heurter la Terre. Les scientifiques essaient désormais de répertorier ceux de plus de 140 mètres, qui pourraient détruire une petite ville. On en connaîtrait actuellement moins de la moitié.

Pour se rendre compte des dégâts que cela peut causer, il y a un calcul simple. Le cratère provoqué par l'objet représente 20 fois sa taille. Un astéroïde de 100 mètres fait donc un cratère de 2 kilomètres.

Faire dévier un astéroïde

Mais que faire si un objet potentiellement dangereux s'approche de la Terre? Pour l'instant, les approches visant à dévier ou détruire un astéroïde sont théoriques. Mais la Nasa et l'agence spatiale européenne s'y préparent.

C'est une des grandes avancées de ces conférences pour la défense planétaire. Lors des premiers exercices théoriques de catastrophes, les participants se sont rendus compte qu'ils n'avaient pas de moyen fiable pour détourner un astéroïde.

La mission DART de la Nasa devrait être lancée par une fusée SpaceX en novembre 2021.
La mission DART de la Nasa devrait être lancée par une fusée SpaceX en novembre 2021.

Pour la première fois, à la fin de cette année, un test grandeur nature sera effectué avec les missions conjointes Dart (NASA) et Hera (ESA). "Nous allons tester la méthode de l'impacteur cinétique, c’est-à-dire envoyer un projectile à haute vitesse pour taper dans un astéroïde et le dévier de sa route", explique Patrick Michel, également responsable de l'équipe scientifique de la mission Hera.

"Nous allons au moins vérifier si cette option fonctionne". En ayant une option technique qui a fait ses preuves, les discussions seront moins théoriques.

Pas d'accords internationaux

Qui décidera d'actionner ce type d'arme anti-astéroïde ou d'évacuer une région? L'ONU planche sur la question depuis une vingtaine d'années, mais pour l'instant, il n'y a pas encore de réponse coordonnée. Pas d'organe décisionnel au niveau mondial. Les réponses se font encore à l'échelle de chaque pays.

Et le champ des questions est vaste, notamment pour les politiciens. Par exemple, quand faut-il faire évacuer une ville alors qu'on n'est pas certains de la trajectoire prise par l'astéroïde? Les questions juridiques sont tout aussi nombreuses.

"On prédit, par exemple, un impact en Suisse", imagine Patrick Michel. "Si le pays n'a pas les moyens de faire une mission pour dévier l'astéroïde, il va demander à la Nasa d'envoyer une mission. Si l'agence américaine rate son coup, la Suisse pourra-t-elle l'attaquer en justice? Tous ces aspects légaux sont en train d'être étudiés."

Une communication transparente?

La population serait-elle informée rapidement si un objet dangereux approchait de la Terre? "Nous sommes transparents. Lorsqu'on découvre un objet, nous sommes obligés de mettre en ligne les coordonnées et de dire, si d'après les premiers calculs, il y a une probabilité de collision. Cela permet aux astronomes amateurs de faire un suivi de l'objet. Leur travail est essentiel pour nous permettre d'affiner la trajectoire et donc la probabilité d'impact."

La Conférence sur la défense planétaire se réunit tous les 2 ans depuis 2009. Les 6 premiers exercices de simulation n'ont pas permis d'éviter un impact avec la Terre. Il y a donc encore beaucoup de travail, notamment d'organisation.

"Ce n'est pas une source d'inquiétude, car il n'y a aucune menace identifiée", estime Patrick Michel. "Il faut voir cela comme une opportunité, car nous sommes conscients que le risque existe. Il a une faible probabilité d'arriver, mais peut avoir de très graves conséquences. On se prépare avant d'en avoir besoin."

Pas de quoi perdre le sommeil, sauf pour les astronomes qui scrutent le ciel toutes les nuits.

Pascal Wassmer

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Vidéo de l'agence spatiale européenne expliquant la technique utilisée pour dévier les astéroïdes

Un impact d'astéroïde en Allemagne laisse des traces à St-Gall

Il y a 14,8 millions d'années, un impact d'astéroïde a laissé un cratère de 24 kilomètres dans ce qui est aujourd'hui le sud de l'Allemagne. Des chercheurs suisses ont étudié les traces géologiques de l'évènement, visibles à 180 kilomètres de là, près de Bernhardzell (SG).

La chute de l'astéroïde d'une taille estimée à un kilomètre et demi a non seulement laissé le gigantesque cratère connu sous le nom de "Nördlinger Ries", il a également soulevé un nuage de poussières et de particules rocheuses dont les retombées sont visibles loin à la ronde.

Selon cette étude des musées d'histoire naturelle de St-Gall et de Berne publiée dans la revue Scientific Reports, il s'agit du seul endroit en Suisse où les effets d'un gros impact de météorite sont visibles, sous la forme d'une couche claire de poussière de quartz.

Cette dernière a été découverte en 1945 par le géologue Franz Hofmann. Elle est notamment visible à plusieurs endroits le long des rives de la Sitter, un affluent de la Thur.

Les particules de quartz faisaient partie du gigantesque nuage de poussières soulevé par le choc. Même si les simulations informatiques le suggéraient, c'est la première fois que des retombées sont mises en évidence aussi loin pour un cratère de cette dimension, soulignent les auteurs. Des roches témoignant de cet évènement sont exposées dans les deux musées co-signataires de l'étude.

ats