Son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a immédiatement réagi en dénonçant "la politisation par des tiers" de ce débat. La Turquie n'a "de leçon à recevoir de personne sur son histoire", a surenchéri son ministre des Affaires étrangères.
En réaction, le ministre turc des affaires étrangères a convoqué samedi l'ambassadeur américain pour protester contre cette annonce.
Le génocide arménien est reconnu par plus d'une vingtaine de pays et de nombreux historiens mais il est vigoureusement contesté par la Turquie.
"Les Américains honorent tous les Arméniens qui ont péri dans le génocide qui a commencé il y a 106 ans aujourd'hui", a écrit Joe Biden dans un communiqué. "Nous affirmons l'Histoire. Nous ne faisons pas cela pour accabler quiconque mais pour nous assurer que ce qui s'est passé ne se répète jamais", a-t-il ajouté.
Une rencontre avec Erdogan en juin
Le président démocrate, qui avait promis durant sa campagne électorale de prendre l'initiative sur ce dossier, a informé vendredi de sa décision son homologue turc lors d'une conversation téléphonique.
Les deux dirigeants ont convenu de se rencontrer en juin en marge du sommet de l'Otan à Bruxelles.
Au téléphone avec le président turc, le locataire de la Maison Blanche a exprimé sa volonté de bâtir une "relation bilatérale constructive", selon le bref compte-rendu américain qui évoque la nécessité d'une "gestion efficace des désaccords".
Un génocide reconnu par le Congrès en 2019
Malgré des années de pressions de la communauté arménienne aux Etats-Unis, aucun président américain ne s'était jusqu'ici risqué à fâcher Ankara.
Le Congrès américain a reconnu le génocide arménien en décembre 2019 lors d'un vote symbolique, mais le président Donald Trump, qui entretenait d'assez bonnes relations avec Recep Tayyip Erdogan, avait refusé d'utiliser le mot, parlant seulement d'"une des pires atrocités de masse du 20e siècle".
Les Arméniens estiment qu'un million et demi des leurs ont été tués de manière systématique pendant la Première Guerre mondiale par les troupes de l'Empire ottoman, alors allié à l'Allemagne et à l'Autriche-Hongrie. Ils commémorent ce génocide chaque année le 24 avril.
La Turquie, issue du démantèlement de l'empire en 1920, reconnaît des massacres mais récuse le terme de génocide, évoquant une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300'000 à 500'000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.
Une décision saluée par l'Arménie
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a salué de son côté samedi la décision historique de Joe Biden de reconnaître officiellement le génocide arménien.
Nikol Pachinian a remercié le président américain dans un message sur Facebook pour cette "mesure très forte envers la justice et la vérité historique" et qui offre un "soutien inestimable aux descendants des victimes du génocide arménien".
afp/ther