La communauté internationale scrute de près ce scrutin qui teste le bon fonctionnement d'institutions fragiles après une campagne émaillée d'insultes, d'accusations de corruption et d'incidents violents.
Depuis la fin du communisme dans le pays pauvre des Balkans au début des années 1990, les résultats des élections sont systématiquement contestés par les perdants et donnent lieu à des allégations de fraude.
Une situation qui provoque la lassitude au moment où l'Albanie, déjà victime d'un séisme dévastateur fin 2019, accuse durement le coût économique et sanitaire de la pandémie du coronavirus qui a fait près de 2400 morts.
Sortants sûrs d'eux
Appelant à un vote "libre et honnête", le Premier ministre socialiste Edi Rama brigue un troisième mandat face au Parti démocratique de centre-droit allié avec une dizaine de partis de tous bords.
En embuscade, le MSI fondé par le président Ilir Meta, adversaire farouche d'Edi Rama dont le parti a souvent joué le rôle de faiseur de roi. L'un des premiers à voter à l'ouverture des bureaux à 05H00 GMT, il a appelé à un "vote patriotique" pour "refonder la République".
Oui de l'UE aux négociations d'adhésion
Bruxelles a dit oui au lancement de négociations d'adhésion avec Tirana mais sans fixer de date et tous promettent de mener à leur terme les changements nécessaires, à commencer par la réforme du système judiciaire et la lutte contre la criminalité organisée.
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Edi Rama accuse ses adversaires d'avoir pour seul point commun la volonté de le renverser mais promet de se retirer s'il n'obtient pas la majorité des 140 sièges au Parlement.
Il réclame du temps pour "sortir définitivement l'Albanie du tunnel", finir les projets d'infrastructures entravés par la pandémie et continuer de reconstruire les milliers de logements détruits par le séisme.
L'opposition accuse
Cet artiste-peintre de 56 ans mise sur une campagne de vaccination massive qui doit permettre l'immunisation fin mai d'un demi-million d'Albanais et de relancer l'industrie touristique. "Le troisième mandat n'est pas pour moi, c'est pour l'Albanie", assure-t-il.
En face, l'opposition promet de relancer l'économie en soutenant les petites entreprises et accuse le Premier ministre sortant de tous les maux.
Edi Rama "a manipulé les résultats des précédentes élections, a mis la main avec une poignée de gens sur l'économie, contrôle tous les pouvoirs et entrave les perspectives européennes de l'Albanie", assène Lulzim Basha, 46 ans, patron des démocrates. "Vous ne pouvez pas donner une nouvelle chance à l'homme qui a échoué pendant huit ans, l'avenir c'est nous".
L'intéressé dément tout, et accuse ses adversaires d'avoir peur de la réforme judiciaire en cours.
Campagne violente
La vie politique albanaise est souvent marquée par l'outrance verbale et la rhétorique incendiaire. Malgré les appels à la retenue des ambassades occidentales, la campagne s'est tendue dans les derniers jours, avec la mort d'un militant socialiste abattu dans une fusillade avec des démocrates qui accusaient le camp adverse d'achats de voix.
Si le vote est manipulé par les socialistes, les "fourches seront là", a averti le président Meta, ce qui lui a valu une volée de bois vert de la part de Washington.
"Que quiconque dise que les citoyens prendront les 'fourches' est inacceptable", a déclaré sur Twitter l'ambassadrice des Etats-Unis à Tirana Yuri Kim. "Ceux qui incitent à la violence seront tenus pour responsables de leurs paroles et de leurs actes".
Les bureaux de vote ferment à 17H00 GMT. Selon la commission électorale centrale (CEC), les scores des partis seront publiés dans les deux jours suivants.
afp/kkub